l'union européenne et la finance sont les ennemis cupides, perfides et impitoyables des peuples européens...


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đź’© Europe : la guerre du sel

Rédigé par webmestregg Aucun commentaire
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          Comme du gros sel dans le sablier. Cela fait presque cinq ans maintenant que la Commission européenne se casse la tête pour définir ce qu'est un sel bio. Pour les 600 petits exploitants de marais salants des côtes bretonne et vendéenne, seul leur sel marin artisanal est digne de bénéficier de l'estampille « Agriculture biologique ». Une alléchante étiquette « AB » que lorgnent aussi les producteurs de sel industriel. Au premier rang desquels l'allemand Esco, propriétaire de la marque Cérebos, et le groupe français Salins (La Baleine), qui extrait ses 100 000 tonnes par an de Camargue ainsi que d'une gigantesque mine en Meurthe-et-Moselle (« Conflit », 2/10/19).

          Dans une première version du cahier des charges, Bruxelles avait mis dans le même panier bio le sel marin récolté à la main dans des petits bassins d'une dizaine de mètres carrés et celui extrait mécaniquement par des robots moissonneurs sur des exploitations de plusieurs hectares. Plus salé encore : l'Europe avait carrément envisagé d'accorder la fameuse certification bio au sel minier, également utilisé pour déneiger les routes ou dans les lave-vaisselles.

          La levée des spatules des paludiers l'avait obligé à revoir fissa sa copie et à mandater un groupe d'experts. Il y a quelques semaines, la Commission a rendu une troisième version de son projet de règlement. Entre-temps le gouvernement français a enfin tapé du poing sur la table à Bruxelles pour détendre ses paludiers contre les Allemands, qui voulaient protéger leurs mines de sel. Il faut dire que nos députés lui avaient mis la pression en votant, en février une résolution limitant la certification bio au sel récolté à la main. Résultat des courses : la Commission a exclu de son projet de règlement le sel minier extrait à coups d'explosifs ou par procédé chimique. En revanche, le sel de mine prélevé par des raboteuses rotatives pourra prétendre au label bio. Comme du sel sur la plaie, pour nos paludiers.

          Et le pire est peut-être à venir, puisqu'une quatrième et dernière mouture du cahier des charges est prévue à l'automne. Une aubaine pour les Allemands, qui vont pouvoir intensifier leur lobbying auprès de la Commission. De leur côté, les Espagnols, profitant du fait que le nouveau règlement européen sur les produits bio est entré en viqueur en janvier sans le cahier des charges sur le sel « AB », ont déjà interprété le texte à leur sauce pour vendre du sel marin industriel sous étiquette bio.

Tout cela ne manque pas de sel...

( extrait du Canard Enchaîné n° 5299 du mercredi 1er juin 2022 page 5 )