l'union européenne et la finance sont les ennemis cupides, perfides et impitoyables des peuples européens...


> la guerre des bassines n'a pas fini de bassiner

Rédigé par webmestregg Aucun commentaire
Classé dans : presse Mots clés : aucun

          Stocker Veau l’hiver dans de grandes citernes pour l’utiliser l’été quand elle manque, l’initiative divise experts, écologistes et agriculteurs.

          Le chantier controversé des mégabassines de Sainte-Soline a redémarré le 8 novembre, une dizaine de jours après les violents affrontements qui ont eu lieu entre la police et les opposants au projet. Des milliers de manifestants s’étaient alors rassemblés dans la commune des Deux-Sèvres pour protester contre ces immenses piscines, qui servent à stocker l’eau pompée l’hiver dans les nappes phréatiques pour l’utiliser l’été.

          Si le ministre de l’Intérieur réduit le débat à une opposition entre écologistes et agriculteurs, tous les producteurs ne soutiennent pas cette gestion de l’eau. La Confédération paysanne, par exemple, s’est associée au mouvement contre les bassines. « On ne dit pas qu’il ne faut pas irriguer, explique Nicolas Fortin, membre du syndicat dans la Vienne, mais il faut adapter la consommation à la ressource disponible. Ces réserves, subventionnées à 70 % par l’État, ne bénéficient qu’à quelques-uns, dont beaucoup font du maïs. »

          D’autres techniques, pratiquées par des agriculteurs de la région, permettent d’économiser l’eau : arroser au goutte-à-goutte, développer les cultures moins gourmandes, faire paître davantage le bétail ou opter pour des récupérateurs d’eau de pluie.

“Eau désespoir !”

          Plus d’une centaine de bassines sont pourtant en projet dans toute la France, dont 18 dans les Deux-Sèvres et 30 dans la Vienne. Elles prennent exemple sur les 24 réserves vendéennes construites il y a vingt-cinq ans. Et il n’y a pas que des bassines publiques. Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne,relève : « Certaines fermes-usines ont les moyens de construire, seules, des bassines et accaparent ainsi les volumes d’eau. » Pampr’œuf, un élevage de poules pondeuses des Deux-Sèvres, a ainsi dépensé 500 000 euros pour avoir sa réserve privée (« Ouest France », 10/3).

          Même quand elles sont publiques, certains irrigants dénoncent une inégalité de traitement entre agriculteurs. Rémi Laurendeau, maraîcher des Deux-Sèvres, a fait une demande de raccordement à la bassine de Saint-Sauvant auprès de la coopérative de l’eau, mais son exploitation a été jugée trop petite pour que cette opération soit rentable. Pourtant, comme d’autres, il participe au financement de réserves, dont il ne bénéficie pas.

          Lors de l’assemblée générale de la coopérative, en septembre, le vote pour confirmer le budget des bassines n’a récolté que 68 % des voix. Les frais liés au renchérissement des prix de l’électricité (nécessaire pour actionner les pompes à eau) et à la sécurisation des réserves ont fait douter plus d’un agriculteur.

          Un producteur membre de la coopérative, partisan des bassines, se défend : « Ceux qui se mettent aux haricots verts doivent avoir de l’eau sécurisée pour obtenir des contrats » (avec Bonduelle, par exemple). Et d’ajouter : « Ceux qui ne seront pas raccordés paient deux fois moins cher, et le fait de substituer de l’eau, l’hiver, sécurise l’eau, l’été. » Est-ce si limpide ?

Coup de pompe

          Les bassines permettent-elles vraiment de diminuer la consommation d’eau en été ? Les irrigants se sont bien engagés à réduire leurs prélèvements pendant la saison sèche. Mais, pour Sara Fernandez, géographe à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), « le risque, c’est que les réserves de substitution poussent à augmenter les prélèvements, comme cela a déjà pu être observé. Les réserves vont créer de nouvelles tensions sociales si elles produisent deux catégories d’usagers, avec des droits ou des soutiens financiers différenciés ».

          Pour convaincre les non-raccordés de mettre la main au porte-monnaie, les coopératives promettent qu’ils pourront prélever, l’été, ce que leurs collègues raccordés ne pomperont plus à cette saison. Mais le préfet de la Vienne met un bémol. « En cas de sécheresse, je prendrai des arrêtés de restriction d’usage de l’eau », confie-t-il au « Canard ». Conclusion : certains agriculteurs vont rester soumis aux risques climatiques, tandis que leurs collègues reliés aux bassines vont y échapper.

          Encore faut-il que tout soit techniquement au point : sortir l’eau de sa nappe phréatique pour la stocker en surface l’expose à une prolifération d’algues et de cyanobactéries (des micro-organismes susceptibles de produire des toxines). Un rapport de 2018 de la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne (CACG) explique qu’une pellicule d’algues se forme et tend à boucher les canalisations sur les réserves existantes... nécessitant un entretien coûteux.

          La CACG conseille aussi de couvrir les retenues. Car, d’après les porteurs de projets, exposer la flotte au soleil et au vent entraîne une évaporation de 4 % dans l’atmosphère. Un phénomène qui augmentera avec les effets du réchauffement climatique, selon un hydrologue de l’Inrae. Des raisons semble-t-il insuffisantes pour arrêter de bassiner... ( Adèle Hospital et Mathilde Picard, le Canard enchaîné n° 5323 du mercredi 16 novembre 2022 )

Et les particuliers ? Ils subiront les interdictions préfectorales qui fleurissent l'été et, s'ils arrosent leur potager pour améliorer l'ordinaire et mieux survivre, ils vont se prendre une amende de 135€ pendant que l'agro-alimentaire se goinfre...