> la Santé publique a un gros problème d'images
La Sécu va lancer une campagne de contrôle des radiologues. Le remboursement de leurs actes ne cesse de grimper. Un symptôme de la financiarisation de la médecine.
Vous avez dit financiarisation de l’hôpital ? Pascale souffre de crampes dans les pieds et les jambes - des douleurs qui la réveillent plusieurs fois par nuit et l’obligent parfois à s’arrêter lorsqu’elle conduit. Après consultation d’un médecin généraliste, le 19 septembre, elle ressort avec une ordonnance à en-tête « urgent » pour procéder à une échographie. C’est donc dans l’urgence qu’elle appelle le service d’imagerie médicale du centre hospitalier (CH) de Mâcon (Saône-et-Loire). Là, la secrétaire lui enjoint de patienter urgemment quatre bonnes semaines, jusqu’au 28 octobre, avant de consulter l’angiologue. A moins que Pascale ne soit prête à débourser 30 euros de dépassement d’honoraires : dans ce cas, le toubib serait disponible l’après-midi même, sur son activité libérale à l’hôpital public. Urgence n’est donc pas synonyme d’égalité d’accès aux soins ?
L’hôpital de Maçon assure que « moins de 10 % des médecins du CH de Mâcon réalisent une activité libérale » et que seulement 20 % du service hospitalier d’un médecin peut être exercé en libéral, soit environ deux demi-journées par semaine. Ça fait une belle jambe à Pascale...
Nina aussi en a plein les pattes ! Munie d’une ordonnance pour réaliser une IRM des deux genoux, elle appelle, le 1er octobre, tous les hôpitaux de l’Yonne et de la Nièvre. Structures privées comme publiques lui indiquent qu’elle devra se déplacer deux fois pour passer une IRM de chaque membre. Pas question de radiographier les deux genoux le même jour, c’est si éloigné !
Une politique rayonnante
Explication : depuis 2009, en cas d’association d’actes de radiologie, celui dont le prix est le plus élevé est facturé plein pot... et les autres à 50 % de leur valeur. Conséquence ? Les toubibs dédoublent les actes. La Caisse nationale de l’assurance maladie considère ce dédoublement comme une « volonté de contourner la règle de l’abattement ». Où va-t-elle chercher ça ?
Les remboursements d’actes de radiologie et d’imagerie ont bondi de 6,8 % entre 2022 et 2023. Ainsi, sur 12 milliards d’euros d’actes médicaux de classification commune réalisés en 2023, 41 % des montants relevaient de ces spécialités.
Dans son rapport sur la financiarisation de la santé paru le 25 septembre, la commission des Affaires sociales du Sénat diagnostique : « Le marché français de l’imagerie médicale, qui enregistre 3 milliards d’euros de recettes par an, est un secteur dans lequel la financiarisation progresse de façon sensible depuis quelques années. A l’heure actuelle, 20 % à 30 % du secteur seraient financiarisés », c’est-à-dire livré aux appétits d’investisseurs privés exigeant des rendements aux frais des patients et des cotisants. La Sécu, qui promet de lancer une campagne de contrôle des radiologues pour scanner ces filouteries au rayon X, a pris rendez-vous pour 2025.
Il n’y avait pas de créneau libre avant ? ( Fanny Ruz-Guindos )
Rien d'étonnant, bien au contraire, vous avez voir les dégâts dans pas si longtemps que cela quand la sécu sera entièrement privatisée ( rappel : objectif direct de Fillon et des LR ) puisque c'est rampant objectif des gouvernement depuis 25 ans ! En ce moment, on assiste d'une part, partout en France, aux rachats/fusions de cliniques privées, radiologies, laboratoires par les investisseurs privés d'une cupidité vorace sans limite, et d'autre part, le tout sous-tendu par la destruction voulue de l'hôpital public et autres services de santé.
Il en va de même pour beaucoup de médecins qui refusent de soigner les malades et que l'on commence à voir à la TV se plaindre qu'ils ont été engueulés ou insultés, là encore ce n'est que le début. Exemple d'un médecin qui refuse qu'on le consulte plus d'un seul ou 2 problèmes différents ! Ou, ce médecin thermal qui minimise une infection annexe en disant que c'était au médecin traitant de le faire ! Ou cet autre médecin curiste qui signale que la visite intermédiaire du cursus thermal n'est pas nécessaire et ne vous en donne pas ! Les réseaux sociaux débordent malheureusement de bien trop d'exemples...