> la fête des voisins
Quelle joie d'habiter à côté d'un champ traité aux pesticides ! De mars à août, au moment des grands épandages, des dizaines de milliers de riverains respirent à pleins poumons herbicides et autres insecticides. L'association écolo Générations futures a eu l'idée de mesurer l'air autour des vignobles, la culture la plus « chimiquée ». Les trois campagnes d'analyse, dont la dernière s'est déroulée en 2023, ont décelé jusqu'à 35 molécules différentes. Pour l'essentiel, le fameux glyphosate et du folpel, un fongicide classé « cancérigène suspecté pour l'homme ».
En 2020, déjà, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) montrait que les Français inhalaient à pleines narines des résidus de pesticides. Parmi les 70 substances détectées dans l'air, le prosulfocarbe, deuxième herbicide le plus vendu en France, a été jugé particulièrement préoccupant pour les riverains. A 10 mètres du champ pesticidé, les concentrations repérées peuvent provoquer des allergies cutanées. Ce qui n'a pas empêché la Commission européenne de renouveler, comme si de rien n'était, l'autorisation de cette cochonnerie jusqu'au 31 janvier 2027.
Beaucoup plus fâcheux, une étude de l'Inserm fondée sur le registre national des cancers pédiatriques a révélé l'an dernier que, plus la densité de vignes était importante autour du domicile, plus les enfants étaient susceptibles de développer une leucémie aiguë (« Conflit », 25/10/23). Pour mesurer à quel point les riverains sont imprégnés de pesticides, Santé publique France et l'Anses ont prélevé, en 2021 et en 2022, dans six régions, les cheveux et les urines de 3 350 enfants et adultes. La publication des résultats, sûrement pas folichons, prévue en 2024, vient d'être repoussée d'un an... Un mauvais bilan rouvrirait illico le débat sur les « distances de sécurité » obtenues de haute lutte par les ONG afin que les agriculteurs ne vaporisent pas trop près des habitations. Pour rappel, l'épandage est interdit à moins de 5, 10, voire 20 mètres des maisons selon la dangerosité du produit. Mais, sous la pression du principal syndicat agricole, la FNSEA, le ministère de l'Agriculture avait pondu des dérogations jusqu'à 3 mètres des fenêtres.
Nouveau pavé dans la mare aux pesticides, une quinzaine de riverains viennent de saisir la justice. Ils réclament d'être indemnisés comme le sont les agriculteurs lorsqu'ils déclarent une des 10 maladies professionnelles imputables aux produits phytosanitaires. La nouvelle ministre de I Agriculture, Annie Genevard, dont le suppléant à l'Assemblée nationale a été le vice-président de la FNSEA du Doubs, dira-t-elle que c'est bidon ?
On ne s'étonnera plus des dégâts causés à la santé des populations qui ne cessent d'augmenter et plus particulièrement celle des enfants : cancers, autisme, trisomie, bronchites chroniques et maladies pulmonaires,... De pire en pire, dans une union européenne de merde qui fait passer les profits avant la santé publique et la santé des populations qui ont de plus en plus de mal à se faire soigner !!!
Aujourd'hui, entre les pesticides, les inondations, les feux, les industries, les déserts médicaux et autres,... on se demande quel coin de France est encore habitable. Réponse facile : ce sont les centres des grandes villes qui par ailleurs se "privatisent" de plus en plus et dans lesquels les richetons veulent bénéficier des toutes nouvelles technologies et de services de santé de pointe, être protégés par une police municipale omniprésente, promener ses enfants dans des parcs verdoyants et respirer le bon air comme dans une rare campagne non pesticidée ; bref, Paris pendant les JO...