> vinaigrette goût pétrole
Quel rapport entre un baril de pétrole brut, une barquette de margarine et une tablette de chocolat ? Lors du raffinage du premier, l'industrie pétrolière récupère de l’hexane, ou C6H14, un sous-produit qu'elle revend en vrac aux gros fabricants d'huiles et aux chocolatiers industriels. Grâce à ce solvant, l'industrie des corps gras peut extraire jusqu'à la dernière goutte les lipides contenus dans les oléagineux ou les fèves de cacao. Avec un simple pressage mécanique, vous récoltez au maximum 80 % de l'huile, quand l'ajout de solvant vous permet d'en récupérer 99 %. Comptez un litre d'hexane par tonne de graines triturées.
Tout baignerait dans l'huile pour l'agroalimentaire si le C6H14 n'était pas neurotoxique, cancérogène, nocif pour la reproduction, génotoxique, immunotoxique et perturbateur du système endocrinien. N'en jetez plus ! Pour toutes ces raisons, en septembre dernier, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) demandait de réévaluer dare-dare la dangerosité de cet hydrocarbure massivement utilisé comme solvant dans la production de matières grasses végétales. Bruxelles a bien limité le seuil de résidus d'hexane à ne pas dépasser à 1 mg par kilo, mais il n'a pas été retouché depuis... seize ans. Pire, cette limite réglementaire ne vaut que pour les huiles végétales ! Il n'existe aucun seuil pour les autres produits, margarine, chocolat, plats cuisinés... ni même pour les laits infantiles ou les petits pots pour bébés, au grand dam de l'Efsa, qui s'inquiète du « niveau d'exposition plus élevé que prévu chez les nourrissons ». Une cochonnerie qui n'apparaît sur aucune étiquette, puisque le C6H14, considéré comme un « auxiliaire technologique », ne figure pas dans la liste des ingrédients.
Aujourd'hui, seuls les huiles végétales « vierges » et les produits bio sont garantis sans hexane. Le député MoDem du Loiret Richard Ramos vient de mettre les pieds dans le plat avec une proposition de loi pour obliger les industriels à informer les consommateurs de la présence de C6H14, l'interdire dans les aliments pour bébés et, à terme, le faire entièrement disparaître de nos assiettes. Vu que les solvants qui pourraient remplacer l'hexane sont moins efficaces et coûtent bonbon, ça va pressurer les marges des industriels des corps gras, comme l'américain Cargill ou le français Avril. De là à dire qu'ils font de l'huile...

Vous vous étonnez que vos nouveaux-nés, bébés, jeunes enfants, enfants et le reste de votre famille sont malades ou crèvent on ne sait pourquoi dans un recoin des urgences médicales ? Voilà encore une couche supplémentaire de la merde que nous refile l'agro-alimentaire en loucédé avec la bénédiction de cette union européenne de merde !
