l'union européenne et la finance sont les ennemis cupides, perfides et impitoyables de ses populations surexploitées...


Pipe du soir rend le patron plein d'espoir ! - Paul Avignon

> salauds de malades !

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          Après la traque des fraudeurs au RSA, la traque des fraudeurs aux allocations familiales, la traque des fraudeurs au chômage partiel - mais aucune traque des fraudeurs fiscaux (on ne mélange pas les torchons et les serviettes) -, le gouvernement a lancé la chasse aux arrêts maladie « de confort », comme on dit dans les cabinets ministériels. En effet, il paraît que les Français, grands tricheurs devant l’Éternel, arrêtent le travail quand bon leur semble, avec la complicité malveillante de toubibs ayant troqué le serment d’Hippocrate contre une éthique à la petite semaine.

          Bruno Le Maire a donné le ton en posant la question suivante : « Est-ce que quelque chose justifie que les arrêts maladie aient augmenté de 30 % au cours des dernières années ? » Et de dénoncer ceux qui « abusent » en appelant à « responsabiliser » soignants et soignés. Les médecins généralistes ont donc été abreuvés de directives comminatoires leur ordonnant de réduire les arrêts maladie sous peine d’amendes, et de distinguer le « vrai » malade du « faux », comme on sépare le bon grain de l’ivraie - sauf s’il s’agit de policiers mécontents d’avoir à rendre des comptes à la justice, bien sûr.

          Voilà qui illustre à merveille les réflexes conditionnés en vogue au sein de l’élite. Face à une hausse des dépenses de santé, un esprit cartésien s’interrogerait sur le monde du travail, les souffrances sur les chaînes de production et dans les grandes surfaces, l’explosion des troubles musculo-squelettiques, les tendinites à répétition, le stress et le burn-out, toutes ces manifestations d’une réalité qui tient souvent du chemin de croix. Le vrai scandale, ce ne sont pas les ordonnances de complaisance, mais le nombre de salariés qui restent au boulot alors qu’ils devraient être mis au repos. Or, en haut lieu, on ignore ce genre de considération. On se contente de consulter les tableaux Excel et de s’inquiéter de l’éventuelle réaction des agences de notation. Quand on vient de transmettre à Bruxelles son programme de stabilité budgétaire, mieux vaut montrer patte blanche, car les marchés, qui ont la santé, veillent au grain. Les salariés sont donc immédiatement suspectés d’en demander trop, de tirer sur la corde, bref d’être le grain de sable qui enraie la bonne marche du capital.

          Ainsi s’explique la campagne lancinante désignant à la vindicte publique ces « mauvais » Français, toujours issus de la même classe. Je ne doute pas qu’il y ait des tricheurs. Mais cela ne saurait justifier un rappel à l’ordre culpabilisateur et unilatéral, tandis que les membres de la Nomenklatura ayant pignon sur la rue de la célébrité sont exonérés de cette leçon de morale permanente. Pourtant, au regard de leur statut social, ils devraient être les premiers à donner le bon exemple. Où l’on vérifie le propos de Diderot dans Jacques le Fataliste : « Je ne sais ce que c’est que des principes, sinon des règles qu ’on prescrit aux autres pour soi. » ( Jack Dion )