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« La terre n'est pas une banale marchandise qu'il est facile de produire en plus grandes quantités. La terre est une ressource limitée, à laquelle ne s'appliquent donc pas les règles usuelles du marché. » Comité économique et social européen.
Avis sur « L'accaparement des terres : une sonnette d'alarme pour l'Europe et une menace imminente pour l’agriculture familiale».
Les sociétés d'exploitation agricole cultivent désormais deux tiers des terres agricoles françaises et commencent à en devenir propriétaires. Parmi elles, certaines sont des sociétés financiarisées, ouvertes à des investisseurs ne prenant pas part aux travaux agricoles. En prenant des parts dans ces sociétés financiarisées, il est donc possible de prendre le contrôle de terres agricoles. Un marché ces terres parallèle et non régulé s'est ainsi développé, favorisant la concentrât on des terres et l'agrandissement des fermes. Si le phénomène et les risques sont identifiés, les avancées législatives sont timides et loin d'être en mesure de réellement limiter la concentration des terres à l'œuvre.
La présence d’auteurs non agricoles, tels que des acteurs financiers ou agroalimentaires au capital de des sociétés, augure d’une nouvelle ère dans l'agriculture, où le travail de la terre doit être en mesure de rémunérer ses investisseurs et où la rentabilité financière préside à l'orientation des usages de la terre. Alors que des millions d'hectares vont changer ce main dans les dix prochaines années, le secteur agricole risque de suivre le sillon du secteur industriel, au détriment des agriculteurs et agricultrices, des territoires et de notre alimentation. (...) - source 1 - source 2 -

Bé oui ! Cela s'appelle la mondialisation et c'est mondial. Et, il n'y a pas que l'agriculture, il suffit de voir ce que se passe aussi pour l'eau... M'enfin, l'agriculture ( familiale ou industrielle ) fournira toujours de la merde hautement pesticidée aux consommateurs non friqués...
La spéculation a-t-elle provoqué l’envol des prix du blé et d’autres céréales avec la guerre en Ukraine ? Les financiers et leurs détracteurs semblent irréconciliables sur le sujet et ne parviennent pas à tracer une ligne entre transactions légitimes et spéculation excessive.
Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine il y a un an, entraînant une guerre entre deux poids lourds mondiaux de la production de céréales, les marchés agricoles ont été pris de panique, et les prix ont bondi de 50 % pour le blé et de 40 % pour le maïs en moins de deux semaines sur le marché européen.
Parmi les coupables : la « spéculation sur les matières premières », a accusé le consortium d’experts internationaux sur l’alimentation durable IPES-Food. Ils ont expliqué, dans un rapport publié au pic des prix en mai 2022, que les stocks mondiaux étaient normaux et qu’il n’y avait donc pas de risque de pénurie.
Mais les marchés agricoles sont devenus les rouages indispensables aux échanges entre producteurs et acheteurs. Ils leur permettent de fixer un prix à l’avance, afin d’éviter les fortes fluctuations dues à la saisonnalité des récoltes.
Overdose de financiers
A fortiori à partir de 2000 avec l’arrivée de nouveaux acteurs financiers, dont des fonds spéculatifs, et la création d’une palette d’instruments financiers autour des prix des céréales.
La plupart de ces produits financiers sont échangés sans livraison physique des cargaisons. Leur vocation est de se couvrir face aux hausses ou aux baisses de cours, mais aussi de spéculer pour éventuellement empocher des plus-values en cas de pari gagnant. Ils « sont fréquemment utilisés, y compris par les entreprises et les grands négociants de produits agricoles », selon Olivier Le Chevalier, conseiller en stratégie de couverture.
Qui intervient ? « De manière générale, les banques commerciales sont dissuadées de prendre des positions spéculatives », assure Carlos Mera, directeur de la recherche marchés agricoles de Rabobank, tout en admettant que « d’autres institutions financières [comme les fonds spéculatifs] vont activement acheter et vendre des contrats à terme de matières premières pour réaliser des profits ».
L’ONG CCFD-Terre Solidaire a constaté sur le marché français, qui fait référence en Europe, une baisse « massive » du poids des entreprises commerciales « au profit des acteurs financiers » entre 2020 et 2022, explique à l’AFP Valentin Brochard, chargé de plaidoyer.
Mais les banques et gestionnaires d’actifs, avec les masses d’argent dont ils disposent, sont omniprésents et d’une certaine manière indispensables : le marché « a besoin des financiers, ils apportent de la liquidité », dit Nicholas Kennedy, d’Euronext, l’opérateur boursier du marché européen.
Impact difficilement quantifiable
« Les matières premières sont considérées comme une couverture contre l’inflation », un moyen de se protéger contre les effets des hausses de prix, explique à l’AFP Jennifer Clapp, économiste spécialiste de la sécurité alimentaire mondiale à l’université de Waterloo au Canada et membre du panel IPES-Food.
Avant la guerre déjà, elle a constaté des prix alimentaires record et un afflux d’investisseurs financiers, qui « pensent que si les prix en général montent, ils vont en bénéficier en achetant des matières premières ».
Le sujet n’est pas nouveau ; en 2008 déjà, lors des « émeutes de la faim », la finance avait été accusée de faire gonfler les prix. A l’issue de cette crise alimentaire, un rapport du G20 rédigé en 2011 peinait à quantifier l’impact de la financiarisation des marchés agricoles. Le rapport souligne « des signes limités » d’un impact des investisseurs sur d’éventuelles distorsions des prix selon certaines études, mais il ajoute que « selon d’autres points de vue, la plus grande participation des investisseurs financiers a affecté, à certains moments, la volatilité des cours » et a poussé les matières premières à évoluer comme d’autres marchés boursiers.
En 2022, l’Autorité française des marchés financiers, qui régule le marché européen de référence, n’a « rien vu qui justifie une action directe de l’AMF ». Un dysfonctionnement du marché se serait à son sens vu dans une variation importante des prix, sans lien avec la réalité des récoltes.
Pour limiter la spéculation sur les matières premières agricoles, des garde-fous ont déjà été mis en place après la crise de 2008, mais ils sont insuffisants pour plusieurs ONG. - source -

"... la plus grande participation des investisseurs financiers a affecté, à certains moments, la volatilité des cours » et a poussé les matières premières à évoluer comme d’autres marchés boursiers."... Bé bien sûr ! La "libéralisation" des marchés agricoles a - comme prévu - permis à la finance mondialisée de continuer à se faire les couilles en or, comme avec l'énergie, l'eau et tout ce qui est monnayable, le tout, évidemment, sans aucune retenue.
Plus de 1 700 nouveaux projets d’investissement étrangers ont été recensés en France au titre de l’année 2022. Ils devraient permettre de garantir ou créer plus de 58 000 emplois.
L’agence publique Business France, chargée de la prospection et de l’accueil des investissements internationaux en France, a publié lundi (27 février) son bilan, qui fait état d’une augmentation de 7 % du nombre de projets d’investissements étrangers par rapport à 2021, qui était déjà une année record. 1 725 projets qui devraient créer ou maintenir 58 810 emplois.
Il s’agit, selon le ministère français de l’Économie, du « plus haut niveau d’attractivité » de la France. Les investisseurs sont majoritairement issus de pays européens, à hauteur de 65 %. Avec 280 projets, les investisseurs venus des États-Unis devancent de peu les Allemands (256) et les Britanniques (176).
Plus d’un quart des nouveaux investissements concernent le domaine industriel, en hausse de 13 %. Business France note aussi une augmentation importante (+ 23 %) des projets de recherche et développement (R&D) et des emplois qu’ils généreront (+ 53 %) par rapport à 2021. La France est « le premier pays de l’OCDE en termes de financement public et d’incitations fiscales pour la R&D des entreprises », rappelle l’agence.
Dans un entretien accordé à L’Express, le directeur général de Business France Laurent Saint-Martin, ancien député, indique que ces données s’expliquent par les réformes menées par la France depuis 2017, « notamment fiscales, autour du droit du travail, qui nous a fait considérablement changer d’échelle dans l’attractivité mondiale ». Il se félicite également de la « résilience » française face aux crises, en particulier celle sanitaire, énergétique et, enfin, celle liée à la guerre en Ukraine. Il alerte toutefois sur les possibles conséquences de l’Inflation Reduction Act (IRA) américain, plaidant pour qu’une réponse nationale et européenne soit trouvée. - source -

Au plus la France est "attractive", au plus la pauvreté et la récession sociale augmente. Car ce sont les gueux qui paient en réalité la facture de cette "attractivité"...
Coupure d’accès au réseau, censure des médias sociaux, emprisonnements de blogueurs, utilisation de logiciels espions… les atteintes aux droits humains sur l’internet prolifèrent dans de nombreux pays, alerte l’ONG américaine Freedom House, qui souligne un recul de ces libertés pour la onzième année consécutive.
La situation s’est détériorée dans 30 pays entre juin 2020 et mai 2021, tandis que 18 pays seulement ont progressé dans le respect des libertés en ligne, selon l’étude annuelle « Freedom on the Net » (FOTN). Sur 70 pays, représentant 88 % de la population internet mondiale et évalués entre juin 2020 et mai 2021, la Birmanie affiche la plus forte détérioration des libertés sur l’internet. C’est aussi la plus forte baisse enregistrée depuis onze ans par Freedom House, conséquence du coup d’État de la junte militaire birmane en février 2021, qui a coupé l’accès au réseau, bloqué les médias sociaux, censuré la presse en ligne, obligé les fournisseurs d’accès à transmettre des données personnelles, pris le contrôle des infrastructures télécoms et multiplié les victimes en représailles de leurs activités en ligne. Quant à la Chine, elle maintient, pour la septième année consécutive, les pires conditions pour l’exercice des libertés sur l’internet, infligeant de lourdes peines de prison pour toute forme de dissidence en ligne. Le Covid-19 compte encore parmi les sujets les plus censurés en 2021. Freedom House donne l’exemple du magnat de l’immobilier Ren Zhiqiang, condamné à une peine de dix-huit ans de prison pour avoir critiqué, dans un ouvrage qui a largement circulé sur internet, la gestion de la pandémie par le pouvoir. (...)
Pour la troisième année consécutive, l’Islande est le pays au monde le plus respectueux des libertés sur l’internet, suivie de l’Estonie, la nation européenne « tout-numérique », et du Costa Rica, l’un des premiers pays à avoir fait de l’accès à l’internet un droit fondamental. Tandis que l’Équateur est le pays qui a connu la plus grande amélioration sur l’année 2020-2021.
Dans le monde entier, la liberté d’expression se trouve plus que jamais contrainte. De plus en plus nombreux sont les gouvernements qui se livrent à des arrestations d’internautes en raison de discours politiques, sociaux ou religieux non violents, témoigne Freedom House.
Dans 56 pays, soit 80 % des pays couverts par l’enquête FOTN 2020-2021, des citoyens ont été arrêtés ou condamnés pour leurs propos en ligne. Des internautes ont été victimes d’agressions physiques en représailles à leurs activités en ligne dans 41 pays : un record. Au Mexique, relate Freedom House, Pablo Morrugares Parraguirre, fondateur et rédacteur en chef du site d’information PM Noticias, a été tué par des hommes armés non identifiés en août 2020 ; il avait déclaré dans une vidéo postée sur Facebook qu’un gang local était responsable du meurtre d’un chauffeur de taxi.

Dans 20 pays au moins, l’accès à internet a été interrompu par le gouvernement. Dans 21 États, ce sont les médias sociaux et les plateformes de communication qui ont été rendus inaccessibles, le plus souvent lors de manifestations et de périodes électorales. Ainsi, l’accès internet a été coupé à plusieurs reprises en Inde, en janvier et février 2021, lorsque les agriculteurs manifestaient contre les projets de réforme agricole.
Grâce au commerce prospère des technologies de cybersurveillance, de nombreux gouvernements espionnent désormais facilement les communications de leur population. Au moins 45 pays, selon « Freedom on the Net », auraient recours aux outils d’espionnage en ligne vendus par les sociétés israéliennes NSO Group, Cellebrite ou Circles et l’allemande FinFisher. Régulièrement surveillé depuis plusieurs années par le logiciel Pegasus de NSO Group, le journaliste marocain Omar Radi a été condamné pour agressions sexuelles à six ans de prison en juillet 2021, une accusation dénoncée comme un acte politique par les organisations de défense des droits humains. En France, quatre dirigeants des sociétés françaises Amesys et Nexa Technologies ont été mis en examen pour complicité d’actes de torture et de disparitions forcées en juin 2021, à la suite d’une enquête sur la vente de technologies de surveillance à la Libye et à l’Égypte.
Une autre tendance majeure de l’année écoulée est la mise en œuvre par de nombreux États d’une régulation s’appliquant aux géants internet Google, Apple et Facebook. Freedom House a dénombré une cinquantaine d’États ayant édicté des lois concernant les droits des internautes. Ces nouvelles règles, qui s’imposent aux groupes internet, concernent le traitement des contenus en ligne (24 pays), la gestion des données personnelles (38 pays) ou le respect de la libre concurrence (21 pays).
Mais, à quelques exceptions près, comme la lutte contre le harcèlement en ligne et les pratiques commerciales manipulatrices, Freedom House avertit que la régulation des entreprises internet sert en réalité à faire adopter des mesures répressives, notamment portant atteinte à la liberté d’expression et au respect des données privées. Au Brésil, le Marco Civil da Internet – sorte de Constitution d’internet sacralisant les principes de la neutralité du net, de la protection des données personnelles et de la protection de la vie privée – voté en 2014 a été modifié en septembre 2021 par la volonté du président Jair Bolsonaro afin de laisser libre cours à la désinformation sur les médias sociaux, notamment en limitant drastiquement les conditions de retrait des contenus en ligne.

À noter que même le score FOTN 2021 des États-Unis a chuté pour la cinquième année consécutive : un mauvais résultat dû à la prolifération des fausses informations en ligne dans le but de tromper ou de manipuler les internautes, un phénomène ayant permis que soient mis en doute les résultats de l’élection présidentielle de 2020. - source -

Internet, qui aurait dû être un superbe espace de liberté et de connaissance au service des populations, est rapidement devenu l'indic privilégié des États et des marchands...
Quant à l'Islande " pays au monde le plus respectueux des libertés sur l’internet ", ce pays ne se laisse pas faire : il suffit de se rappeler qu'ils ont mis les banquiers en prison lors de la crise financière de 2008 alors que ces derniers voulaient faire main basse ( comme cela a été fait dans toute l'union européenne de merde ) sur l'argent de la population pour se renflouer.
Le spectre d’une « grande démission » hante le marché de l’emploi en France. Mais d’où provient cette expression qu’on entend de plus en plus souvent dans les médias, et quelle réalité recouvre-t-elle ? Le phénomène du big quit désigne une importante vague de démissions qui a eu lieu aux États-Unis pendant la pandémie de covid-19. En effet, plus de 38 millions d’américain-e-s ont quitté leur emploi en 2021 (sur 162 millions d’emplois). Un chiffre d’autant plus impressionnant que 40% des démissionnaires n’avaient pas encore trouvé de nouvel emploi lorsqu’ils ont quitté leur poste ! Le secteur tertiaire est le premier concerné, en particulier les emplois mal rémunérés dans l’hôtellerie-restauration, le commerce ou les entreprises de services.
En France, on entend une petite musique similaire : les entreprises peinent à recruter, les Français-e-s « ne veulent plus travailler » ou « ne travaillent pas assez » … Qu’en est-il réellement ? Selon la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES), le nombre de démissions est effectivement élevé : plus de 520 000 travailleurs-euses ont quitté leur emploi au 1er trimestre 2022, un chiffre comparable à la période 2008-2009 au plus fort de la crise financière. Pas d’inquiétude, selon la DARES, pour qui ce phénomène est conjoncturel et s’explique par la reprise économique post-covid-19 : « Durant les phases d’expansion économique, de nouvelles opportunités d’emploi apparaissent, incitant à démissionner plus souvent ». Une situation globalement favorable aux salarié-e-s, et qui devraient déboucher sur une hausse généralisée des salaires.
Or, le salaire est la première cause de démission des travailleurs-euses en France. En 2022, les salaires auraient augmenté de 3% en moyenne, une hausse néanmoins imperceptible face la flambée de l’inflation s’élevant à 6,2% sur l’année 2022. Pour gonfler les salaires, les entreprises ont prioritairement eu recours aux dispositifs de salaire variable et aux primes défiscalisées et désocialisées pour le pouvoir d’achat. Il s’agit principalement d’augmentations ponctuelles, ce que dénoncent certain-e-s économistes, car parallèlement le montant des dividendes versés aux actionnaires continue de battre des records. Ces inégalités de revenu alimentent la précarité et engendrent une nouvelle classe de « travailleurs-euses pauvres ». Selon l’Insee, ces personnes qui « occupent un emploi mais sont malgré tout dans un ménage dont le revenu est inférieur au seuil de pauvreté », représenteraient environ 7% de la population active en France. Le traditionnel CDI cède du terrain à la flexibilité néolibérale, prenant la forme de CDD, d’intérim, de temps partiels et d’ubérisation. Ces statuts d’emploi, plus précaires et souvent mal rémunérés, remettent au question le salariat et les droits sociaux qui leur sont associés. Le Parlement européen a d’ailleurs voté lundi 12 décembre en faveur de mesures visant à mieux protéger les travailleurs-euses des plateformes numériques (Uber, Deliveroo, Just Eat, etc.) et à requalifier leur statut d’indépendant face à la présomption de salariat. Par ailleurs, l’Observatoire des inégalités alerte sur les conditions de travail des travailleurs-euses de première ligne : « une fraction considérable de la force de travail continue à exercer des emplois éprouvants dans des environnements dangereux. Cette pénibilité est très loin d’être reconnue à sa juste valeur – qu’il s’agisse de salaire ou d’estime sociale ».
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