l'union européenne et la finance sont les ennemis cupides, perfides et impitoyables de ses populations surexploitées...


Le patriotisme c'est l'amour des siens. Le nationalisme c'est la haine des autres - Romain Gary

> l’expérience ordinaire de la méfiance

Rédigé par webmestregg Aucun commentaire
Classé dans : autres Mots clés : aucun

         Si une forte incertitude apparaît comme une source possible de la méfiance, surtout lorsqu’elle affecte les échanges sociaux ordinaires, certaines expériences négatives, liées notamment aux violations des rapports de confiance et de loyauté, jouent également un rôle important dans l’émergence et la consolidation de cette attitude.

          Nos recherches sur la trahison – visant notamment à saisir les conditions de son expérience, à travers les réactions des intéressés – montrent en effet que cette forme d’entorse au lien social provoque un effet de surprise qui engendre systématiquement effroi, déception puis méfiance et suspicion chez la personne ou le groupe qui en est la victime (Schehr, 2008). Cela s’explique par le fait que la trahison est vécue – et ce, quelle que soit la pratique incriminée – comme une transgression aussi bien qu’une atteinte aux conventions et aux normes sous-tendant nombre de rapports sociaux (confiance minimale, loyauté, authenticité, bienveillance).

         La trahison est aussi ressentie comme une remise en cause brutale des représentations qui structuraient jusque-là le groupe ou la relation visés par la trahison : plusieurs de nos enquêtés ont ainsi témoigné d’un effondrement à la suite d’une trahison, de leurs croyances en l’unité groupale et de l’idée qu’ils se faisaient de la réciprocité, du respect ou de la confiance.

          L’expérience de la trahison se double de surcroît d’une désidentification (puisque l’ami, le proche s’avère au final un traître) qui conduit la personne trahie à interroger ses liens et, souvent, à douter des personnes avec lesquelles elle est en relation : c’est même parfois l’ensemble de l’entourage social qui peut ainsi devenir suspect par simple effet de contagion.

          Le choc provoqué par la trahison, les émotions qu’elle suscite comme les diverses révélations qu’elle implique nécessairement (ces dernières étant relatives à l’acte lui-même ainsi qu’à la personnalité et aux motivations de son auteur) amènent donc celles et ceux qui en ont fait l’expérience à faire ensuite preuve de méfiance dans leurs engagements : toutes les personnes que nous avions interrogées dans notre enquête faisaient état de cette attitude à la suite d’une trahison et appliquaient en conséquence dans leur vie quotidienne des stratégies de prudence (tests de fiabilité, désinvestissement temporaire des liens, refus de certaines formes d’engagement dans une relation, etc.) censées les prémunir à l’avenir contre une telle épreuve et la déception (mêlée parfois de honte) qu’elle induit.

          On ajoutera, pour être complet, que les représentations négatives de la trahison ainsi que les stéréotypes concernant les traîtres sont aussi constitutifs de cette attitude : quels que soient les contextes considérés ou les figures susceptibles de l’incarner, on se méfie en effet toujours de celui qui a trahi non seulement parce qu’il ne s’est pas révélé fiable mais surtout parce qu’on le croit capable de recommencer son forfait (comme s’il était prédisposé à trahir, comme si cette attitude était en fait constitutive de sa personnalité). Les réactions sociales à la trahison le montrent parfaitement : objet de mépris et de méfiance, celui qui a trahi est en général assigné à sa trahison, et se voit pour cette raison stigmatisé et condamné à une forme d’ostracisme ou de mort sociale (pensons au cas typique des « balances »).

          La méfiance se déploie donc dans le cas de la trahison sur la base de ces trois points d’appui que sont la connaissance (la confrontation à l’expérience de la trahison), l’émotion (l’effet de surprise et l’effroi suscité par la trahison) et la croyance (dans la propension à trahir du traître). (...) par Sébastien Schehr, Professeur de sociologie, Université Savoie Mont-Blanc - source et article complet -

Curieusement, on retrouve un max de traîtres au sein de la France d'en-haut et en corrélation, un max de manque de confiance au sein de la France d'en-bas ; ceci expliquant cela ?