> l'Italie tropicale, du blé à la banane...
Une petite voix italienne se fraie son chemin. Elle sera tôt ou tard un énorme grondement, mais pour l’heure, il faut tendre l’oreille : l’Italie devient un pays tropical. Tandis que les forces politiques habituelles singent l’activité, la structure profonde de ce pays qui nous a tant donné change. La détestable Giorgia Meloni, héritière directe des bandes fascistes, est comme l’on sait présidente du Conseil des ministres. La gauche fait de la figuration. Les «écologistes» font de la figuration, ce dont ils ont l’habitude.
Et l’Italie d’antan, celle de la Rome antique, celle de près de trois mille ans d’histoire, disparait sans qu’aucun de ces crétins de nationalistes trouve rien à redire. Mais voyons. Début juillet, le site français du National Geographic se penchait sur un phénomène inouï : «Les collines ondulantes de la Sicile, qui abritaient autrefois des plantations d’agrumes et d'oliviers, font depuis bien longtemps partie intégrante du paysage agricole italien. » On notera sans malice l’usage de l’adverbe «autrefois».
Bien entendu, il s’agit d’un processus qui connaîtra encore plus d’un développement. Mais d’ores et déjà, un nombre croissant de paysans de la péninsule - dans le Sud en tout cas - se tournent vers la papaye, la mangue, l’avocat, la... banane. Déjà, la production d’huile d’olive baisse, mais aussi celle du raisin ou du blé. Si l’on ne trouve pas rapidement des variétés de ce dernier plus résistantes au dérèglement climatique en cours, on pourrait - on pourrait - voir à terme disparaitre peu à peu le blé de l’Italie.
Nouvel extrait : «Face à la raréfaction des précipitations et l'augmentation constante des températures, de plus en plus de plantes se dégradent, voire meurent, et laissent ainsi apparaître une couche de terre brute, érodée par le vent et emportée par les pluies occasionnelles. Au fil du temps, ces sols deviennent de moins en moins fertiles, un processus connu sous le nom de désertification. »
Très charmant. Environ 70 % de la surface de la Sicile est en train de devenir un désert. Christian Mulder, professeur à l’université de Catane : « C’est comme si 70% de notre corps était recouvert de brûlures au troisième degré : un tel état serait fatal pour un être humain. » Mais comme de juste, l’industrie prétend avoir des solutions. Dans la novlangue en cours, on appelle cela le « solutionnisme ». En clair, la merde est totale, mais les ingénieux ingénieurs vont nous en sortir.
Giovanni Calamarà, P-DG de SBS Steel Belt Systems : « Nous recyclons le soufre, un élément important du sol que l’on trouve dans les déchets issus du raffinage du pétrole. En le combinant avec des déchets de traitement des agrumes, qui sont abondants en Sicile, ainsi qu’avec de l’argile bentonite, nous permettons au sol d’absorber efficacement [les nutriments]. »
Une flopée d’instituts euphémisent ce qui est en train de se passer, et misent sur l’adaptation (voir l’encadré), faute d’avoir tenté quoi que ce soit contre le phénomène. Ainsi, le Centro EuroMediterraneo sui Cambiamenti Climaticiose : « Les systèmes agricoles peuvent être confrontés à une variabilité accrue de la production, avec une tendance à la réduction des rendements pour de nombreuses espèces cultivées, accompagnée d’une diminution probable des caractéristiques de qualité des produits. » Présenté comme cela, est-ce que c’est grave ? Non, et d’ailleurs, on le notera, ce ne serait qu’une possibilité, alors qu’il s’agit d’une certitude.
Qui aime les cartes pourra regarder celle de l’Italie des températures et des couleurs. Non, elle n’est pas encore tropicale, mais il est évident qu’elle le sera. On a l’impression d’une feuille de papier à laquelle on mettrait le feu. Les bords sont passés à l’orange, avec quelques points déjà rouges. Seuls l’extrême Nord alpin et de petites taches rocheuses - les Apennins, les Abruzzes - conservent une teinte verte.
Selon l'Istituto Superiore per la Protezione e la Ricerca Ambientale - officiel -, la température moyenne de l’Italie pourrait augmenter de 5 °C. Il va falloir inventer de toutes nouvelles plantes. Fastoche. ( Fabrice Nicouno )
Tiens ! Quelles similitudes avec les Pyrénées orientales ( et autres )...