> comment casser discrètement le thermomètre du très redoutable pesticide chlorothalonil
C’est une histoire de toute beauté sinistre, mais elle est compliquée. Le 11 juin dernier, la préfecture de la Vienne (Poitiers) publie un communiqué qui abroge l'obligation de rechercher dans l’eau potable la trace d’un métabolite du très redoutable pesticide chlorothalonil, interdit en Europe depuis 2020. Le métabolite s’appelle de son petit nom charmant R471811. Un métabolite est un produit de dégradation, et tous les pesticides se dégradent, créant souvent des molécules encore plus dangereuses, qui elles-mêmes se dégradent, etc. Un bordel inextricable.
Pourquoi cette abrogation ? Parce que la situation est désormais sans issue, partout en France ou presque. La loi est - était - stricte : au-delà de 0,1 μg/1 d’un pesticide dans l'eau potable, elle ne peut plus être distribuée. Et il ne faut pas dépasser 0,5 μg/1 pour l'ensemble des molécules détectées. μg/1 signifie microgramme par litre, soit un millième de milligramme par litre.
Pour quantité de raisons maintes fois évoquées ici, ce n’est pas tenable. La réalité dépasse la pire des fictions. Il y a bien trop de pesticides et de métabolites. Chacun des premiers en «fabrique» jusqu’à une douzaine. Alors l’agence chargée en théorie de notre protection, lucide en l’occurrence, a inventé un truc. Selon l’Anses, acronyme d'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l’environnement et du travail, il y aurait des métabolites « pertinents », dont la limite resterait à 0,1 μg/1. Et les autres, « non pertinents », qui ne devraient pas dépasser 0,9 μg/1. Soit neuf fois plus.
On n’a pas la place de détailler l’extraordinaire tour de passe-passe, et c’est bien dommage. Tout de même, la chronologie en dit long : en avril 2023, l’Anses publie le résultat d’analyses portant sur 136.000 prélèvements réalisés sur des points de captage représentant 20 % de l’eau distribuée chez nous. Il y a du R471811 dans la moitié, et un tiers des échantillons dépassent la limite de 0.1 μg. Or on ne le cherchait pas. D'un bout à l’autre de la France de l’eau sonne l’hallali.
C’est la fin des haricots pour les 2.4975 services publics d’eau potable, dont les deux tiers sont gérés par le privé, Veolia-Suez en tête. Ils ne peuvent pas lutter contre le R471811 - partie émergée de l’iceberg - et le disent. Eaux de Vienne, par exemple, note en juin 2023 : « Des actions de long terme sont nécessaires [... ] Des données plus précises sur le chlorothalonil, ses potentiels effets sur la santé à long terme [...] sont par ailleurs attendues début 2024, de la part de l'Anses ?. »
Et le miracle s’accomplit, car l’Anses revoit en catastrophe ses propres travaux sur le R471811, jugé jusque-là «pertinent», et le change par un coup de baguette magique en «non pertinent». Sa limite passe de 0,1 à 0,9 μg/1. Alléluia ! Mais ce qui demeure bien dissimulé, c’est que l’Anses justifie ce micmac par l'obtention de documents industriels. Citation garantie de l’agence, qui explique avoir reçu, « pour le métabolite R471811, des nouvelles données fournies par Syngenta, titulaire d'autorisations [...] de produits à base de [...] chlorothalonil ».
Syngenta, mes aïeux ! C’est une multinationale anciennement suisse de la chimie, rachetée par le surpuissant groupe chinois ChemChina, dont le P-DG, Ren Jianxi, est un responsable du très totalitaire Parti communiste chinois. Autrement exprimé, l'Anses s’appuie sur une structure d’État spécialisée dans le mensonge pour prétendre que le R471811 est un bon petit gars qui a toute sa place dans l'eau prétendument potable du robinet.
Encore ? Allez, pour la route. La préfecture de la Vienne ment comme un vieil arracheur de dents. Dans son communiqué du 11 juin, on trouve : « Le métabolite du Chlorothalonil R471811 n 'a plus vocation à être classé parmi les substances actives réglementées pour la consommation humaine. » Avez-vous bien lu ? Cela signifie qu’il n’y a plus lieu de le rechercher. Mais c’est totalement contraire à la loi, car même si l’Anses, contre l’évidence, le tient pour «non pertinent», il ne doit toujours pas dépasser 0,9 μg/1 d’eau. Tous ces gens sont des truands ? Oui.
Vous comprenez pourquoi la macronie et ses sbires ont si peur d'une éventuelle venue au pouvoir de LFI et amis ? Facile, "ils" vont se retrouver devant les tribunaux pour avoir causés, avec leurs manœuvres dilatoires, certainement la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes... Les affaires du sang contaminé ou de l'amiante seront rien à côté des dégâts mortifères causés par ces manipulations frauduleuses de taux de dangerosité ou absences voulues ou stoppées de recherches sur certains pesticides et autres hyper-dangereux pour la santé humaine !