> il était une fois deux bourgeoisies
Il était une fois deux bourgeoisies. Comme au Moyen Âge, elles vivaient dans les bourgs qui portent aujourd’hui le nom de métropoles.
La première, plus huppée, vivait dans les quartiers les plus chics de l'ouest de la capitale. On y retrouvait des retraités aisés, des chefs d’entreprise et de très hauts fonctionnaires. Émanation du modèle globalisé, elle mettait un point d’honneur à se démarquer de la bourgeoisie traditionnelle, symbole d'un passé révolu, en surjouant son « progressisme ». Elle était, vous l'avez compris, le premier soutien du pouvoir présidentiel.
La seconde, plus bohème, vivait dans l’est de la ville, dans ce qu'on appelait jadis les quartiers populaires, aujourd’hui gentrifiés. On y retrouvait des professions intellectuelles, culturelles et des petits fonctionnaires. Elle utilisait l’étiquette « gauche », voire « extrême gauche », pour se présenter, mais cette dénomination n'avait aucun sens puisque c’était une « gauche sans le peuple ».
Comme dans la Comédie humaine, les deux bourgeoisies vivaient dans le même bocal. Elles se croisaient, se toisaient et se méprisaient. La petite bourgeoisie était très jalouse de la domination de la grande. C’est pourquoi elle avait développé une rhétorique qui ne cessait de stigmatiser le 1 %, les plus riches, le pouvoir. En fait, elle rêvait secrètement de s’élever à ce rang supérieur.
Les deux groupes bénéficiaient du modèle économique, et singulièrement, comme dans le théâtre balzacien, du renchérissement phénoménal du marché de l’immobilier des grandes villes. Dans la France périphérique, la valeur de leur patrimoine les ferait passer pour des ultra-riches. Mais cette aisance matérielle n’avait pas pour effet d’apaiser les tensions, au contraire. Les deux bourgeoisies étaient en lutte pour la gouvernance métropolitaine et s’affrontaient régulièrement dans les médias. Cependant, quand il s’agissait de préserver l’essentiel, elles savaient aussi faire
Le président espère ainsi sauver les meubles - ou ce qu’il en reste, à savoir une politique qui conduit la France à foncer dans le mur à grande vitesse. Il faut avoir la mémoire courte et le culot des petits marquis du macronisme pour accuser la gauche de mettre l’économie en danger avec ses propositions. En sept ans de bons et loyaux sévices, celui qui se prend pour le « Mozart de la finance » a réussi à appauvrir le pays, à aggraver les inégalités, à creuser les déficits, à démanteler les services publics et à imposer des réformes impopulaires à la schlague. De plus, il se considère en droit de n’écouter aucune autre voix que celle de sa modeste personne, tel un sauveur suprême devant lequel le peuple est sommé de s’agenouiller en silence.
Ainsi, il faudrait continuer avec un Michel Barnier alors que les Français ont exprimé un besoin de changement qu’aucune combinaison de couloir ministériel ne pourra effacer ? Merci bien. Il n’y a pas besoin d’être un parieur invétéré pour deviner que la fin de règne du macronisme ne sera pas un long fleuve tranquille. Comme disait Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris: « Le roi ne lâche que quand le peuple arrache. » ( Christophe Guilluy )
Non, Macron n'est pas seul et décide seul : il obéit à ceux qui ont fait en sorte qu'il soit élu deux fois et défend leurs intérêts avec perversité. Quant aux bourgeois de l'Est, ils sont représentés par le PS...