> commission européenne : Macron et Barnier capitulent devant l’Europe allemande
Une vaguelette. Un clapotis. C’est à peu près ce qui restera d’un fait politique majeur pour l’avenir de la France, et que les commentateurs s’empresseront d’effacer dès qu’ils pourront se mettre sous la dent le nom d’un nouveau secrétaire d’État au développement des mobilités douces. Pourtant, l’éviction de Thierry Breton de son poste de commissaire européen signe à elle seule la bascule vers une Europe définitivement post-démocratique, la débandade d’une France que ses élites laissent traiter comme un paillasson, l’échec ultime du macronisme et de son lyrisme européen et la première reddition d’un Michel Barnier qui, en tant qu’ancien commissaire européen, sait pertinemment ce que cette situation a d’ubuesque et d’inadmissible.
Évidemment, la personnalité de Thierry Breton et son bilan à la tête d’Atos n’aident pas à jeter un regard objectif sur cet épisode. La facilité consiste à se dire, comme l’ont immédiatement fait les éditorialistes bien en cour, que l’homme avait attaqué la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qu’il avait remis en cause sa gouvernance, et qu’il était donc logique qu'elle ne veuille plus de lui. Querelle de personnes et d’ambitions. Les mêmes ajoutent que Stéphane Séjourné connaît Bruxelles, qu’il sera parfait pour le poste. Mieux, certains assurent, comme pour confirmer leur inconscience totale des enjeux, qu’Emmanuel Macron, qui, depuis la dissolution, s’intéresserait davantage aux affaires intérieures qu’au « jeu européen », y verrait une bonne manière de recaser par le haut son ministre des Affaires étrangères. On croit rêver.
Précisons donc un premier point, absolument essentiel : l’Union européenne repose sur un équilibre complexe entre fédéralisme et confédération d'États-nations. Si la présidence de la Commission est depuis peu attribuée au candidat du parti arrivé en tête au Parlement (rappelons qu'Ursula von der Leyen, pour son premier mandat, fut imposée par Emmanuel Macron et Angela Merkel contre le « Spitzenkandidat » voulu par le Parlement), le choix des commissaires est une prérogative des États. Et jamais, dans l'histoire de l'Union européenne, le commissaire désigné officiellement par un grand État comme la France n'avait été refusé par la présidence de la Commission, tout simplement parce qu'elle n’en a pas la légitimité. Quels que soient les défauts de Thierry Breton, quelles que soient les qualités (si, si, il en a forcément) de Stéphane Séjourné, la France vient de se soumettre à une présidente qui a systématiquement, depuis les débuts de son premier mandat, outrepassé ses fonctions et détruit le subtil équilibre européen pour imposer un fédéralisme mal ficelé et refusé par les peuples. Un coup de force qui, hélas, crée un dangereux précédent.
Emmanuel Macron, donc, accepte de se coucher devant Ursula von der Leyen. En échange, plaide-t-on à l’Élysée, d’un porte-feuille élargi pour le brillant Stéphane Séjourné, qui n'a jamais prononcé un mot d’analyse précise sur les rapports de force au sein de l'exécutif européen, sur la manière de défendre les intérêts français et d’imposer une vision politique de l’indépendance européenne. Michel Barnier, quant à lui, accepte de se coucher devant Emmanuel Macron, qui fait annoncer la nomination de son homme lige un quart d’heure après que l’entourage du Premier ministre a déclaré que le choix du commissaire français se ferait « en bonne intelligence ». Pour ceux qui auraient nourri quelques illusions…
Ailleurs en Europe, on observe avec effarement cette situation. D’autant quelle intervient à un moment où la France, à rebours des prétentions macroniennes, n'a jamais été aussi faible au sein de l’Union. Non pas, comme le prétendent les esprits pavloviens, du seul fait de son « déficit excessif » (ce plaisir des élites médiatiques françaises à battre la coulpe de la nation pour jouer les esprits éclairés a quelque chose de fascinant) mais parce que les Français sont absents de presque tous les postes clés, au contraire d’une Allemagne qui, depuis longtemps, s’emploie à faire de Bruxelles et de Strasbourg des relais de puissance, et parce que les gouvernants français, convaincus qu’ils sont de la supériorité du modèle mercantiliste allemand, ont renoncé à défendre les atouts français (industrie de défense, nucléaire, agriculture), face à un voisin qui, lui. n’a pas le moindre complexe.
Dernière preuve en date ? L’Allemagne vient de fermer ses frontières. Comme ça. De façon unilatérale. Parce que l’Allemagne, quand elle agit, le fait toujours de façon unilatérale. Les intérêts vitaux de la nation, à Berlin, sont sacrés. Côté français, les médias s’indignent. Non pas de cette nouvelle preuve d’absence totale d’esprit européen mais parce que fermer ses frontières, c’est mal. Quand Angela Merkel les avait ouvertes de façon tout aussi unilatérale, les mêmes médias avaient applaudi. C’est tout le drame du microcosme français. Il ne comprend jamais les rapports de force, occupé qu’il est à prêcher le Bien et l’ouverture et à traquer les dangereux nationalistes, populistes ou autres souverainistes.
Si nous voulons que l’Europe survive, qu’elle ne soit pas submergée, d’est en ouest et du nord au sud, par des partis d’extrême droite se nourrissant de la désindustrialisation, des délocalisations et de l’immigration incontrôlée, il serait temps que nos élites sonnent le retour de la France comme puissance au sein d’une Union indépendante et démocratique. Il serait temps de rappeler à Bruxelles, à Berlin - et à Paris ! - que nous sommes la France. ( Natacha Polony )
Comme ce site l'indique depuis des années, il apparait encore clairement, à ceux qui détournaient les yeux, que la désastreuse guerre économique dans l'égoïste et cupide union européenne a été gagnée par l'Allemagne. En regardant l'histoire, il apparait que notre France, soumise à Macron, ressemble de plus en plus à celle de Napoléon III qui a été vaincu par l'Allemagne en 1870 ; dans cette chute continue sur une pente parfaitement savonnée, tant qu'on y est, quand allons-nous reperdre l'Alsace et la Lorraine ?