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> répression : un contrôleur RATP viré après avoir dénoncé le système de prime sur les amendes

Rédigé par webmestregg Aucun commentaire
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               Willy, agent RATP a été révoqué après 22 ans de service pour avoir dénoncé à la télévision des dérives causées par les primes au chiffre des contrôleurs à la RATP.

           Le 30 juin dernier, Willy, agent RATP depuis 22 ans, contrôleur depuis 11 ans, et syndicaliste, a témoigné dans l’émission 66 minutes sur M6 des dérives dans le secteur des contrôleurs liées aux primes à l’acte. L’entreprise n’a pas accepté cette dénonciation publique de son système de primes qui poussent les agents à « faire du chiffre au détriment des usagers », et a immédiatement convoqué l’agent (pourtant flouté à l’image) en entretien puis en conseil disciplinaire. Le refus de se plier devant la direction de l’entreprise lui a aujourd’hui coûté son poste puisqu’il vient de recevoir sa lettre de licenciement ce lundi 23 septembre.

          Comme l’expliquait Willy dans le reportage, les primes mises en place par la RATP contribuent à accentuer la politique du chiffre. Bien que l’entreprise s’en cache médiatiquement, des primes à l’acte récompensent les contrôleurs lorsqu’ils ont verbalisé assez d’usagers, et donc apporté une certaine somme à l’entreprise. « Au RER et au métro, c’est 10 % de la quittance, c’est-à-dire de la somme lorsque l’usager paye tout de suite » nous explique Willy. Pour le secteur du bus, on propose aux agents une prime pouvant aller jusqu’à 2400 euros. Un objectif chiffré est fixé pour chaque dépôt « et si on l’atteint, on a la prime. »

          Willy nous confie ainsi diverses pratiques auxquelles il a assisté ces dernières années. Faux appels à la police pour mettre la pression, contrôle en civil sans port du brassard, montée des contrôleurs entre deux arrêts de bus... sont autant de tactiques qui aident à assurer un taux de verbalisation élevé sur une journée. « Pour les jeunes agents en particulier, la pression est forte. Ils savent ce qu’ils doivent faire pour espérer progresser dans l’entreprise. Plus tu fais du sale, plus tu es bien vu de la direction. » Une course aux chiffres qui s’attaque toujours plus aux usagers les plus précaires.

          Aussi, ce système de primes ne peut qu’accentuer l’engrenage répressif dans lequel est engagé la RATP. Depuis, la loi du 22 mars 2016, dite « loi Savary », des agents de la RATP notamment du Groupe de Protection et de Sécurité des Réseaux (GPSR) accompagne les contrôleurs de la RATP dans leurs missions. Souvent armés, ces agents de la RATP peuvent effectuer des « palpations de sécurité » et participent à la répression des usagers.

           Avec cette révocation actée le 23 septembre, la RATP réaffirme sa politique de « faire taire les lanceurs d’alerte ». Dans cette politique répressive, les syndicalistes sont particulièrement visés, en particulier ceux connus pour s’opposer à la politique de la boîte et défendre leurs collègues. Un profil qui correspond tout à fait à Willy qui est de toutes les grèves depuis son entrée à la RATP en 2002, et s’est récemment battu contre la contre-réforme des retraites à travers deux mois de grève. « Ça fait 22 ans que je parle, que je défends les collègues, que je dénonce les dérives, et on va me jeter ! »

            Officiellement, les raisons finalement déclarées comme cause du licenciement ne mentionnent plus l’émission 66 Minutes, mais le fait de refuser de vendre des Pass Navigo ou encore des accusations d’insultes de la part d’autres salariés. « Vendre des pass Navigo, ce n’est pas sur ma fiche de poste, je ne suis pas commercial. C’est du travail supplémentaire qu’on avait voulu nous imposer pendant les JO sans rémunération. Finalement, on me vire sur quelque chose qui ne fait pas partie de mon métier » explique Willy. Concernant les accusations au sujet des insultes qui auraient été proférées contre des collègues, après le passage sur M6, « il y a eu une pression managériale pour écrire des faux témoignages à charge contre moi. » « C’est faux », assure-t-il. D’ailleurs, ces rapports, écrits par d’autres agents, auraient été modifiés au cours de l’affaire : « le 6 août j’ai pu les lire et quand j’ai récupéré mon dossier administratif officiellement avec mon défenseur de Solidaire, les rapports n’étaient plus les mêmes. Ils avaient été réécrits et modifiés ».

Un cas qui s’inscrit dans une vague de répression syndicale historique

          Ce nouveau cas de répression s’inscrit dans une offensive plus large de la RATP pour tenter de continuer à mater l’importante combativité qui s’est exprimée pendant la bataille des retraites. Dans un contexte d’ouverture à la concurrence, de casse des conditions de travail et des acquis des travailleurs, l’entreprise entend faire du cas de Willy un exemple. « On voulait ma tête, ils n’ont fait aucune enquête. », « c’est le fait que j’ai fait cette émission-là qui pose problème. » L’objectif est clair et la menace l’est tout autant : dissuader chacun des agents de dénoncer ce qui se passe au sein de l’entreprise, sous peine d’être mis à la porte. Une démarche que Willy résume finalement ainsi : « on se débarrasse du chien quand il a la rage. »

          Cette révocation s’inscrit dans une vague inédite de répression patronale et syndicale à l’échelle nationale sur ce terrain. « On n’a plus d’état d’âme à virer un syndicaliste. On est vus comme des moutons noirs, des pestiférés » affirme Willy. « Les patrons veulent des entreprises à moindre coût, sans payer les agents, en cassant le cadre du travail. Tout ce qu’on avait comme acquis, c’est fini, ça part en lambeau. »

          Dans un contexte de crise économique et politique, le patronat se montre en effet de plus en plus radicalisé, et ceux qui se battent contre la casse de la vie des travailleurs sont les premiers frappés. À l’image de Christian Porta, représentant syndical à la CGT Neuhauser, que l’entreprise d’agrobusiness InVivo cherche depuis des mois à licencier. Néanmoins, c’était sans compter sur la combativité et la solidarité des ouvriers de Neuhauser qui après sept mois de grève contre le géant de l’agro-business ont arraché la réintégration de Christian Porta, licencié illégalement et fait condamner l’entreprise à lui payer plus d’un demi-million d’euros. Une victoire qui doit servir d’acquis à l’ensemble du mouvement ouvrier et des travailleurs réprimés à la RATP, et dans l’ensemble des secteurs à l’échelle nationale. - source -

Répression et soumission : le credo de la macronie vis-à-vis des salariés et des délégués syndicaux. C'est le très agressif chemin patronal vers un processus national ( et européen ) organisé pour casser le syndicalisme et soumettre de plus en plus tous les salariés, déjà précarisés, à la peur d'une perte d'emploi et, en invoquant quasi-systématiquement de fausses fautes professionnelles, vraisemblablement l'inscription sur une liste noire quelque part !

J'avais rencontré un patron, il y a quelques temps, qui avait viré un de ses salariés de manière quasi-illégale en précisant qu'il se fichait du prix à payer aux prudhommes, l'essentiel pour lui, c'était de retirer le "malfaisant" de l'entreprise et montrer à son personnel que n'importe lequel d'entre eux pouvait prendre le même chemin. Depuis, la flopée de lois contre les salariés doivent faciliter les choses, merci Sarkozy, Hollande et Macron...