> agro-industrie : la malbouffe dévore l'argent public
On connaît par cœur la petite musique des distributeurs de l’agroalimentaire. Les Leclerc, Auchan, Carrefour et Cie claironnent sur tous les tons combien compte pour eux la préservation de notre « pouvoir d’achat ». Quant à Lidl, le numéro 1 des «hard-discounteurs», il s’autoproclame garant du « vrai prix des bonnes choses ».
On sait qu’on avale des couleuvres en gobant leurs pubs. On sait que la malbouffe qui s’expose dans leurs rayons est la cause première des épidémies d’obésité ou de diabète. On sait que les agriculteurs souffrent de cancers professionnels en dispersant les pesticides dans les champs. On sait encore qu’au moins 2 millions de personnes en France doivent faire appel à l’aide alimentaire pour vivre et que 18 % des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté.
Bref, on sait tout ça, mais de manière parcellaire, sans mise en cohérence, sans concordance. Pire, sans sens politique. Raison pour laquelle il faut saluer l’étude que viennent de mettre sur la table trois associations de solidarité et une fédération de la santé pour faire connaître le vrai prix de l’alimentation. Un travail de titan finement intitulé « L’injuste prix de notre alimentation. Quels coûts pour la société et la planète ? », qui questionne et critique en profondeur notre modèle alimentaire issu de l’après-guerre. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’addition est salée pour la société tout entière. A minima 19 milliards d’euros de dépenses en 2021 rien que pour réparer les dommages causés par le système agro-industriel, estime cette étude dont l’une des spécificités est de présenter, en plus des données statistiques et scientifiques, des témoignages de citoyens suivis par ces associations, manière de dire que le sujet de l’alimentation est un enjeu de démocratie.
Mais il y a pire encore que la « réparation ». Il y a l’encouragement à maintenir un système malade en le finançant « dans des proportions que, jusqu ’à notre rapport, personne ne mesurait réellement », note l’étude. Oui, l’alimentation ultra-transformée que l’on ingurgite plusieurs fois par jour ne fait pas seulement du mal à nos corps et à la terre, elle se gave aussi d’argent public. Et pas qu’un peu. Montant des aides ? Plus de 48 milliards d’euros offerts aux acteurs de la machine à produire de la malbouffe par le biais d’exonérations fiscales, sociales, de subventions diverses. L’ensemble (réparations + aides) donne un total vertigineux de 67 milliards d’euros. Le tout sans transparence - l’agro-industrie s’épanouit dans l’opacité - et avec si peu de conditionnement des aides publiques. « D’une main, la collectivité répare, de l’autre, elle entretient la cause même des dommages occasionnés », résume clairement l’étude.
La malbouffe tue, la malbouffe pollue, on découvre désormais qu’elle nous ruine. Une piste de réforme pour le gouvernement Barnier, qui cherche désespérément des sous partout ? ( Natacha Devanda )
C'est bien, cette trilogie ( la malbouffe tue, pollue et nous ruine ) est dénoncé de plus en plus souvent, sauf, évidemment dans les médias tenus par l’État ou les milliardaires...
Les associations et fédération citées : Le Secours catholique, le réseau Civam, Solidarité paysans, la Fédération française des diabétiques.