> Novo Nordisk espère se goinfrer avec son nouveau coupe-faim
Le labo danois mène un intense lobbying en France pour obtenir le remboursement par la Sécu de son remède " miracle " contre l'obésité.
Tout NOVO, tout beau, le nouveau médoc « anti-obésité » de Novo Nordisk qui débarque en France ? Pas tout à fait, car le principe actif du Wegovy, c’est son nom, est identique à celui de l’Ozempic, l’antidiabétique de la même firme, commercialisé depuis 2019. La différence, c’est que le Wegovy, qui régule lui aussi l’appétit (donc l’apport calorique), est deux fois plus dosé. Et, surtout, quatre fois plus cher : 300 euros par mois environ, non pris en charge par la Sécu. L’Ozempic, lui, est remboursé à hauteur de 30 %, ce qui change tout pour le patient... et pour les profits du labo.
Ce dernier met donc les bouchées doubles pour transmuer son Wegovy en véritable poule aux œufs d’or. La promesse d’un médicament qui mettrait fin à l’« épidémie mondiale d’obésité », comme le pronostique avec hardiesse le chroniqueur économique François Lenglet (RTL, 9/10), a déjà séduit les boursicoteurs : l’entreprise se targue désormais d’une capitalisation supérieure au PIB du Danemark. Enorme !
Parvenir à ses faims
Sur la quinzaine de pays dans lesquels l’injection est déjà commercialisée, seuls deux la remboursent - en partie, seulement. L’enjeu est donc de taille, et, pour atteindre l’objectif, tous les coups sont permis. Début octobre, contournant l’interdiction de faire de la pub pour les médicaments soumis à prescription médicale, l’entreprise a financé une campagne sur l’obésité dans la presse et dans les gares... sans mentionner son remède miracle. « J’ai décidé d’agir, pour moi & pour ma santé », clamaient sur les affiches des femmes en surpoids. Parmi elles, l’influenceuse Mademoiselle Modeuse, suivie par plus de 76 000 personnes sur Instagram. Miam, autant de futures clientes !
En 2022, Novo Nordisk s’était déjà rapproché d’un magazine féminin pour sponsoriser un café-débat sur l’acceptation de tous les corps… avant que les associations Gras Politique et la Grosse Asso dénoncent la supercherie.
La firme a aussi tenté de s’immiscer dans un groupe de travail sur l’obésité à l’Assemblée nationale en septembre 2023. Elle a demandé à être auditionnée comme think tank (!) aux côtés du Collectif national des associations d’obèses et de la Ligue nationale contre l’obésité (LCO). Sabrina Sebaihi, la députée écolo à la tête du groupe de travail parlementaire, a refusé tout net de recevoir les Danois. « Leur obsession, raconte-t-elle, était que l’obésité soit reconnue comme maladie, pour avoir plus de clients. »
Cette reconnaissance est prônée dans un rapport sur la prise en charge de l’obésité en France commandé par le ministère de la Santé et remis en avril 2023. Il a été mitonné par Martine Laville, professeure de nutrition, qui présente Novo Nordisk non pas comme un laboratoire mais comme... une association ! Au passage, la spécialiste omet de mentionner ses liens avec le géant pharmaceutique, dont elle a été membre du conseil scientifique, qui l’a rémunérée 11038 euros en 2022 et en 2023. Co-auteure du rapport, l’Igas non plus n’avait pas été prévenue. Ça pique !
Danois le poisson
Autre nutritionniste cachetonnant pour le labo danois, le professeur Sébastien Czernichow, de l’hôpital Pompidou, qui vante dans « Le Figaro » (9/10) la « chance » que constitue ce médoc, lequel, selon lui, devrait être pris en charge par la Sécu. Pas un mot, en revanche, dans le papier, sur les 40 324 euros qu’il a perçus depuis 2022 pour accompagner Novo Nordisk dans sa « stratégie médico-économique ».
Même tambouille pour les associations. Ainsi, la LCO et l'Alliance du cœur ne font-elles jamais état des 104200 euros touchés en 2024 par la première et des 20 000 euros reçus en 2022 par la seconde. Sans oublier le million d’euros versé par Novo Nordisk en moins de deux ans à la Société européenne de cardiologie, organisation « indépendante et à but non lucratif » (sic). Le lobbying, ça peut rapporter gros ! S’il parvient à éviter toute référence aux effets indésirables de la nouvelle piquouze miracle (pancréatite et occlusion intestinale, entre autres). Le coup de génie marketing du labo danois : ne pas parler de coupe-faim, trop connoté, mais d’« anti-obésité », plus vendeur en termes de santé publique... et, surtout, plus susceptible d’être remboursé !
En 2023, Emmanuel Macron s’était rendu à Chartres afin de fêter un nouvel investissement de Novo Nordisk sur le site où il emploie déjà 1600 salariés. Aurélien Rousseau, alors ministre de la Santé, avait préféré se faire porter pâle. Il avait confié à ses collaborateurs n’avoir qu’une trouille : une affaire Mediator bis. Un ex-ministre rigole : « C’était vraiment : “ J’investis plus de 2 milliards chez toi et tu me rembourses mon médicament ! ” A terme, je n’ai aucun doute, il sera remboursé », diagnostique-t-il au « Canard ». Là-dessus, il est prêt à parier gros. ( Fanny Ruz-Guindos et Louise Colvert )
L'objectif de la finance étant de tuer la sécu française pour la privatiser, rembourser des médicaments en plus, creusera encore plus vite sa tombe... Rassurez-vous, pour payer, "on" déremboursera le doliprane, le zymad ou autres.