(...) Il est d’autant plus étonnant de découvrir qu’un fléau, que l’on croyait banni, revit. Le capitalisme états-unien est un système internationalisé, ses réseaux s’étendent pratiquement partout. Aujourd’hui, on estime à 152 millions le nombre d’enfants au travail dans le monde. Bien sûr, tous ne sont pas employés directement ou même indirectement par des entreprises états-uniennes. Mais ces millions devraient certainement nous rappeler à quel point le capitalisme est redevenu profondément rétrograde, tant chez nous qu’ailleurs sur la planète.
Les vantardises sur la puissance et la richesse de l’économie des Etats-Unis font partie du système de croyances et de la rhétorique des élites. Cependant, l’espérance de vie aux Etats-Unis, mesure fondamentale de la régression sociale, ne cesse de diminuer depuis des années. Les soins de santé sont non seulement inabordables pour des millions de personnes, mais leur qualité est devenue au mieux médiocre si l’on n’appartient pas au 1% supérieur. De même, les infrastructures du pays sont depuis longtemps en déclin, en raison de leur âge et de décennies de négligence.
Il faut donc considérer les Etats-Unis comme un pays «développé» en proie au sous-développement et, dans ce contexte, le retour du travail des enfants est profondément symptomatique. Même avant la grande récession qui a suivi la crise financière de 2008, le niveau de vie avait baissé, en particulier pour des millions de travailleurs mis à mal par un tsunami de désindustrialisation qui a duré des décennies. Cette récession, qui a officiellement duré jusqu’en 2011, n’a fait qu’aggraver la situation. Elle a exercé une pression supplémentaire sur les coûts de la main-d’œuvre, tandis que le travail devenait de plus en plus précaire, de plus en plus dépourvu d’avantages sociaux et non syndiqué. Dans ces conditions, pourquoi ne pas se tourner vers une autre source de main-d’œuvre bon marché: les enfants ?
Les plus vulnérables d’entre eux viennent de l’étranger, des migrants du Sud, fuyant des économies défaillantes souvent liées à l’exploitation et à la domination économiques états-uniennes. Si ce pays connaît aujourd’hui une crise frontalière – et c’est le cas – ses origines se trouvent de ce côté-ci de la frontière [et non pas avant tout en Amérique centrale ou au Mexique].
La pandémie de Covid-19 de 2020-2022 a créé une brève pénurie de main-d’œuvre, qui est devenue un prétexte pour remettre les enfants au travail (même si le retour du travail des enfants est en fait antérieur à la pandémie). Il faut considérer ces enfants travailleurs au XXIe siècle comme un signe distinct de la pathologie sociale présente. Les Etats-Unis peuvent encore tyranniser certaines parties du monde, tout en faisant sans cesse étalage de leur puissance militaire. Mais chez eux, ils sont malades. - source -

La législation sur la travail des enfants s'est aussi assouplie dans l'union européenne de merde sans oublier les périodes de travail déguisé, appelés "stages", qui sont de plus en plus longues en cours de scolarité,...
Conscients des menaces qui pèsent sur notre planète, certains ultra-riches s’emparent de la cause climatique, animés par un seul but : préserver leurs intérêts de classe et dégager de nouvelles sources de profit. (...)
Le désastre climatique, un juteux business
Conscients qu’ils ont beaucoup à perdre, les ultra-riches ont aussi compris qu’ils avaient beaucoup à gagner, selon le vieil adage libéral qui invite tout entrepreneur à « transformer les contraintes en opportunités ». En l’occurrence, la menace climatique regorge de nouveaux gisements de profits. « Les technologies vertes c’est plus grand qu’Internet. C’est potentiellement la plus grande opportunité économique du XXIe siècle », assure Al Gore, homme d’affaires et ancien vice-président américain. Preuve en est avec l’explosion du marché de captage du CO2 qui pourrait atteindre 50 milliards de dollars par an d’ici 2030. De quoi aiguiser l’appétit de grands industriels qui, sous couvert d’inverser la courbe du réchauffement climatique en retirant du CO2 de l’atmosphère, souhaitent faire du carbone une marchandise échangeable sur les marchés financiers. (...) - source -

« Si on les taxe, les riches vont se barrer ». Qui n’a jamais entendu cette affirmation ? Elle fait partie du « bon sens » de l’idéologie hégémonique martelé chaque jour sur les plateaux télé. Pourtant, cette affirmation relève du fantasme. Comme les chars russes qui devaient envahir l’Élysée en 1981. Non, les riches ne vont pas se barrer.
Premièrement, beaucoup d’ultra riches et de grands groupes ne payent déjà pas leurs impôts en France, ou à des taux très faibles par rapport aux TPE et PME, ça s’appelle l’optimisation ou l’évasion fiscale. Deuxièmement, quand l’impôt sur la fortune (ISF) existait, la part de contribuables redevables de l’ISF partis à l’étranger était… ridicule : de l’ordre de 0,1% à 0,2%. Troisièmement, des taxes sur les grandes fortunes existent et ont déjà existé dans l’Histoire, et les riches ne sont pas partis pour autant. Aux États-Unis, berceau du communisme, les hauts revenus ont même été taxés à… 91% ! Incroyable mais vrai : pendant près de 50 ans, les États-Unis ont vécu avec un taux marginal d’imposition sur les très hauts revenus proche de 80%. Sans que les riches ne quittent le navire. Et même si l’envie leur prenait de partir, une solution existe : l’impôt universel. Là aussi mis en place par les États-Unis, l’impôt universel permet de poursuivre les exilés fiscaux jusqu’en enfer s’il le faut. Notre article.
L’insoumission.fr lance une nouvelle série : « Désintox économique ». L’objectif : apporter des outils à nos lecteurs pour participer à la bataille culturelle contre la propagande économique véhiculée tous les jours par les médias traditionnels. Notre but : vulgariser les débats économiques pour les rendre accessibles au plus grand nombre. L’adversaire : les milliardaires qui détruisent la planète et les humains, et qui possèdent les médias dominants. Nos alliés dans la bataille : nos économistes et vous, nos lectrices et lecteurs.
Les assistés d’en haut, parasites et séparatistes
Le regretté Christian de Brie, journaliste au Monde Diplomatique, nous a quitté ce weekend. Il nous a laissé un article très précieux « Le fléau de l’assistanat ». Si vous lisez l’insoumission.fr, vous savez de quels assistés on parle : des assistés d’en haut. Ceux qui confisquent toutes les richesses en exploitant le travail des autres. Des 5 milliardaires qui détiennent autant que 27 millions de personnes dans ce pays. Pourquoi ne pas les taxer ? Pourquoi ne pas prendre moins de 2% de la fortune des 42 milliardaires pour financer nos retraites ? Car les riches risqueraient de « se barrer ». L’argument massue martelé à longueur de plateaux.
Alors, si votre tonton de droite vous assène cet argument à Noël, voici 3 points que vous pourrez lui rétorquer pour le manger avant la buche :
1) Roosevelt a taxé les hauts revenus à 91% et pendant 50 ans les États-Unis ont vécu avec un taux marginal d’imposition sur les très hauts revenus proche de 80%.
Incroyable mais vrai : une taxe à 91% sur les hauts revenus. Dans un pays communiste ? Non, aux États-Unis d’Amérique ! Sous la présidence de Roosevelt. Mieux : pendant près de 50 ans, les États-Unis ont survécu avec un taux marginal d’imposition sur les très hauts revenus proche de… 80% ! Ce qui n’a pas empêché les États-Unis de rester la première économie mondiale. Non, les riches n’ont pas fui le navire.
Ce week-end, le président américain a jugé « scandaleux » les gigantesques bénéfices des compagnies pétrolières. Joe Biden a appelé à mettre en place une « taxe minimale » sur les milliardaires. En France, le groupe Total vient de réaliser 20,5 milliards d’euros de profit, le bénéfice net le plus élevé de son histoire. Pourtant, le ministre de l’Économie affirme : « les super-profits, je ne sais pas ce que c’est ». Alors que la Grande Bretagne, la Hongrie, la Bulgarie et l’Espagne l’ont déjà mise en place, que l’ONU et l’OCDE la préconise, le parti présidentiel et le Rassemblement national votent contre une taxation des super-profits à l’Assemblée nationale.
2) La part de contribuables redevables de l’ISF partis à l’étranger était de l’ordre de… 0,1% à 0,2%
Les riches vont se barrer ? Quand l’impôt sur la fortune (ISF) existait encore, la part de contribuables redevables de l’ISF partis à l’étranger était… ridicule. Selon un rapport de la Direction générale des dépenses publiques datant de 2012, ils étaient au nombre de… 587 personnes seulement à être partis cette année là. Sur un totale de 290 000 contribuables soumis à cet impôt. Soit 0,2% du total. Un exode massif ! En 2001, ils n’étaient que 384 sur 269 448 personnes, soit 0,14% du total, selon l’Union SNUI Sud Trésor Solidaires. « Il n’existe aucune hémorragie de ce côté-là » confirme l’économiste Thomas Piketty. La seule hémorragie qui existe c’est celle des grands groupes qui fuient massivement l’effort collectif par l’optimisation fiscale, faisant peser l’impôt en proportion beaucoup plus importante sur les TPE et PME. Les gros payent (très) petits, et les petits payent gros.
Sept ans plus tard, en 2008, le nombre d’exilés fiscaux redevables de l’ISF avait explosé, avec 821 installations hors du territoire. Sauf que dans le même temps, le nombre d’assujettis avait lui aussi explosé, avec 565 9636 contribuables. Le taux, 0,14%, restait lui inchangé. Et la suppression de l’ISF n’a pas permis de faire revenir les riches, contrairement à l’argumentaire d’Édouard Phillipe pour tenter de convaincre les Gilets Jaunes. Peu importe, là encore, la rationalité économique, peu importe les rapports de France Stratégie, institut rattaché à Matignon, démontrant que la suppression de l’ISF et l’instauration du Prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur les revenus du capital ont eu un seul effet : faire exploser les revenus des 0,01% les plus riches.
3) Si les riches essaient de se barrer, une solution existe : l’impôt universel
Et si l’envie prenait les riches de se barrer, une solution existe, déjà mise en place aux… États-Unis. Une solution magique : l’impôt universel. On pourchasse les délocalisés fiscaux où qu’ils se trouvent pour qu’ils passent à la caisse. On demande à nos voisins la liste de nos ressortissants, et, comme on le fait en cas de problème de santé sur une terre étrangère, faute de rapatrier leur corps, on rapatrie l’argent que ces séparatistes d’en haut doivent à la collectivité.
Les riches détruisent l’humain et la planète : 63 milliardaires polluent plus que la moitié des Français. 5 milliardaires possèdent autant que 27 millions de personnes dans le pays. Et oui, il est possible de les taxer et de partager les richesses. C’est même urgent. Une taxe de 2% sur la fortune des 42 milliardaires suffirait à financer nos retraites (12 milliards par an, selon le rapport du COR). Qu’est-ce qu’on attend pour taxer les super-profits ? Par Pierre Joigneaux. - source -

Cela fait partie de l'intox permanente des populations, avec celle qu'il n'y a pas d'autre alternative que les choix gouvernementaux ou européens, ou que les caisses de l’État sont vides...
(...)
Les monopoles sont tellement prégnants dans tous les secteurs que, même dans les écoles de commerce, le but avoué est désormais de faire des entreprises qui soient « vendables » pour les monopoles. J’ai personnellement entendu des « faut pas aller dans telle direction, plus personne ne voudra te racheter après ça ».
Nous avons donc créé une génération de services, en ligne ou non, qui cherchent la croissance à tout prix sans aucun objectif de rentabilité. Ne devant pas être rentables, ces services ont forcément écrasé la concurrence. (...)
Les techniques de merdification
Le principe de la merdification est simple : maintenant que les utilisateurs sont captifs, que les concurrents ont quasiment disparu, que les business indépendants ont été acculés à la faillite ou rachetés, on peut exploiter l’utilisateur jusqu’au trognon.
Certains groupes d’investisseurs se sont spécialisés dans ces techniques. Cory Doctorow les regroupe sous le terme « Private Equity » (PE). Leur job ? À partir d’un business existant, extraire un maximum d’argent en un minimum de temps, disons entre deux et cinq ans.
Comment ?
Premièrement, en augmentant les tarifs et en supprimant les programmes gratuits. Les utilisateurs sont habitués, migrer vers un autre service est difficile, la plupart vont payer. Surtout si cette hausse est progressive. L’objectif n’est pas d’avoir de nouveaux utilisateurs, mais bien de faire cracher ceux qui sont déjà là. On va donc leur pourrir la vie au maximum : tarifs volontairement complexes et changeant, rebranding absurdes pour justifier de nouveaux tarifs, blocage de certaines fonctionnalités, problèmes techniques empêchant la migration vers un autre service, etc.
En second lieu, on va bien entendu stopper tout investissement dans l’infrastructure ou le produit. Un maximum d’employés vont être licenciés pour ne garder que l’équipage minimal, si possible sous-payé. Le support devient injoignable ou complètement incompétent, la qualité du produit se dégrade tout à fait.
Bref, c’est la merdification.
C’est destructif ? C’est bien l’objectif. Car la véritable astuce est encore plus retorse : fort de son historique et de sa réputation, la société peut certainement obtenir des prêts bancaires. Ces prêts amèneront une manne d’argent qui permettra de payer… les personnes travaillant pour le Private Equity (qui se sont arrogés des postes dans l’entreprise). Certains montages permettent même à l’entreprise de prendre un emprunt pour se racheter elle-même… aux investisseurs. Qui récupèrent donc directement leur mise, tout le reste n’étant plus que du bénéfice.
Une fois que tout est à terre, il ne reste plus qu’à mettre l’entreprise en faillite afin qu’elle soit insolvable. Les utilisateurs sont, de toute façon, déjà partis depuis longtemps.
Les conséquences de la merdification
Si les conséquences pour le client sont évidentes, elles le sont encore plus pour le travailleur. S’il n’a pas été viré, le travailleur doit donc désormais travailler beaucoup plus, dans une infrastructure qui part à vaut l’eau et sans aucune perspective autre que de se faire insulter par les clients.
Les « faux indépendants » (livreurs Deliveroo, chauffeurs Uber, etc.) voient fondre leurs marges alors que les règles, elles, deviennent de plus en plus drastiques et intenables. Le terrifiant spectre du chômage nous fait prendre en pitié les employés forcés de nous fournir des services merdiques. Nous les remercions. Nous leur mettons des étoiles par pitié, parce que sinon ils risquent de se faire virer. Et nous payons pour un service de merde. En l’acceptant avec le sourire. Ou alors nous les engueulons alors qu’ils ne peuvent rien faire.
Le phénomène de merdification n’est pas cantonné aux startups Internet, même s’il y est particulièrement visible. Il explique beaucoup de choses notamment dans la grande distribution, dans le marché de l’emploi, dans la disparition progressive des commerçants indépendants au profit de grandes enseignes. On peut même également le voir à l’œuvre dans le cinéma !
Il y’a des chances que la plupart des films à l’affiche dans votre cinéma soient des reprises ou des continuations de franchises existantes, franchises qui sont exploitées jusqu’au trognon jusqu’à devenir des sous-merdes. Écrire un scénario est désormais un art oublié et chaque film n’a plus qu’un objectif : produire une bande-annonce alléchante. En effet, une fois le ticket acheté et le pigeon assis dans son siège avec son popcorn, rien ne sert de lui fournir quoi que ce soit. Il a déjà payé ! Un peu comme si les films n’étaient plus qu’une version allongée de la bande-annonce. Les séries ne cherchent plus à construire quoi que ce soit vu que chaque série d’épisodes (même plus des saisons entières) n’est tournée que si les précédents ont fait un score minimal de vision. Les histoires sont décapitées avant même de commencer.
La blogueuse Haley Nahman a d’ailleurs analysé une normalisation des couleurs des séries et des films qui pourrait être une conséquence de cette merdification.
Prendre conscience de cette merdification, la nommer est une étape importante. Et réaliser que ce n’est pas une fatalité. Ce n’est pas l’incompétence ou la paresse des travailleurs qui est en cause. Il s’agit d’un phénomène volontaire et conscient destiné à soutirer un maximum de revenus de notre infrastructure. Il s’agit d’une étape inéluctable du capitalisme monopolistique dans lequel nous vivons.
Les infrastructures publiques vendues à des entreprises privées ont été une aubaine incroyable pour les merdificateurs. Oui, prendre le train est devenu cher et merdique. Parce que c’est l’objectif : empocher un maximum de bénéfices privés en provenance d’investissements publics. La merdification est une véritable spoliation des biens publics. Cela même pour les entreprises privées qui, très souvent, ont obtenu de l’argent public pour aider à se lancer et à « faire rayonner l’économie de notre belle région » (dixit le ministre qui a voté le budget). Notons que ce type de merdification de l’espace public a toujours existé. Zola l’a parfaitement décrit dans « La curée ».
À titre individuel, il n’y a pas grand-chose à faire si ce n’est tenter de soutenir les petites entreprises, les commerces indépendants, ceux qui vivent de la satisfaction de leur clientèle. Et faire attention à ne pas se laisser enfermer dans des services commerciaux qui, si alléchants soient-ils, n’ont d’autres choix que de disparaitre ou se merdifier.
Mais ne nous voilons pas la face, ce n’est pas prêt de s’arrêter. Certains psychopathes semblent avoir comme objectif de merdifier la planète entière pour accroitre leur profit. Et, jusqu’à présent, rien ne semble pouvoir les arrêter. - source -

Je suis content de constater que je ne suis plus seul à utiliser les termes relatifs à la merdification de la société. En ce qui nous concerne, le symbole du coq gaulois qui chante les pieds dans la merde n'a jamais été autant d'actualité...

Faire du blé en spéculant sur les matières premières agricoles n'a jamais été aussi profitable. L'américain Cargill, le plus grand négociant agricole du monde, a engrangé l'année dernière 6,6 milliards de dollars de bénéfice, du jamais-vu au cours de ses 157 ans d'existence. Les cargaisons de ses 700 navires de fret, qui sillonnent en permanence les mers du globe, peuvent changer plusieurs fois de propriétaire en fonction des fluctuations du prix du fioul, des taux de change et, surtout, des cours de Bourse.
La flambée des prix provoquée par la guerre en Ukraine, à laquelle s'ajoute le réchauffement climatique, qui, en bouleversant la régularité des récoltes d'une année sur l'autre, favorise la spéculation, fait le bonheur des quatre plus gros tradeurs de céréales. Les « ABCD », comme on les nomme, contrôlent entre 70 et 90 % du commerce mondial du blé, du maïs et du soja.
Derrière ces quatre lettres se cachent Cargill ( 165 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2022) ; Archer Daniels Midland (101 milliards de dollars), également américain, qui vient lui aussi d'empocher un bénéfice record (4,34 milliards de dollars) ; et les deux derniers de la bande, un américain et un français, qui ne rendent pas publics leurs bénéfices au prétexte qu'ils ne sont pas cotés. Tout ce que l'on connaît d'eux, c'est leur chiffre d'affaires : 67 milliards de dollars pour Bunge et 30 milliards pour Dreyfus Company.
L'ONG Foodwatch vient de mettre les pieds dans le plat avec un rapport sur les dessous de la spéculation alimentaire. On y apprend, par exemple, qu'en juin 2022 près de 70 % des achats sur le marché du blé ont été effectués par des banques, des fonds d'investissement ou des assurances, essentiellement à des fins spéculatives.
Et l'association de dénoncer l'extrême opacité de ces transactions. Les échanges de céréales sur le marché boursier européen, géré par Euronext, peuvent atteindre plusieurs dizaines de fois les volumes réels de marchandises existantes sans que l'on connaisse l'identité des intervenants. Afin d'y voir plus clair et de s'assurer que les mastodontes du négoce de matières premières agricoles ne profitent pas de leur position de quasi-monopole pour faire grimper artificiellement les coûts, le Parlement européen vient de commander une étude pour évaluer le poids réel des ABCD sur la fluctuation du prix des céréales en Europe. Voilà du grain à moudre...

Étonné ? Pas du tout ! La mondialisation, organisée par la finance et leurs amis, a pour seul but de financiariser absolument TOUT pour faire des profits de plus en plus gigantesques. Les États, entre leurs mains, pratiquent la politique du laisser-faire. Comme pour les banques et le crash des subprimes de 2008, un méga-crash céréalier est évidemment à prévoir...