S’aventurer sur un coup de tête dans le parc national des Calanques, à Marseille, c’est de l’histoire ancienne ! Une révolution due à la loi Climat et résilience de 2021.
En vacances, on marche sur le littoral, on grimpe quelques sommets, on fait le tour d'un marais en famille. Souvent, c’est dans un espace naturel protégé. Parc national, réserve, espace naturel sensible, la panoplie est fournie : une trentaine d’outils sont à la disposition de l'État et des collectivités afin de préserver, plus ou moins, un milieu naturel. Une partie de la forêt de Fontainebleau a été classée dès 1861. La réserve naturelle des Sept-îles, en face de Perros-Guirec, date de 1912. Les parcs nationaux ont été créés par une loi de 1960 et les parcs régionaux sept ans plus tard. Épisode le plus récent, la « stratégie nationale pour les aires protégées » a été publiée en 2021. À l’horizon 2030. elle ambitionne de sauvegarder 30 % du territoire national et des eaux maritimes, dont 10 % en protection renforcée (nous en sommes à peine à 2 %). Mais à quel prix ?
Maître de conférences en droit public à l’université de Poitiers et secrétaire général de la Société française pour le droit de l’environnement, Simon Jolivet insiste sur une évolution du droit, aussi peu connue que majeure, introduite par la loi Climat et résilience de 2021 : « L'État a créé une nouvelle police administrative d'accès aux espaces protégés » qui n’est pas un régiment armé, mais une prérogative originale. En plus des polices de sécurité, de santé et de tranquillité publiques, ce nouveau pouvoir, autorisé par l'article L. 360-1 du Code de l'environnement. « permet aux maires et aux préfets maritimes de réglementer ou d'interdire l'accès aux espaces protégés si leur surfréquentation est susceptible de les altérer». On peut donc établir des quotas quand il y a trop de touristes ou pour assurer la tranquillité des habitants. Tout le problème est de démontrer qu'il y a trop de gens. « car la loi ne dit pas le seuil de déclenchement de cette police ». Cela n’a pas empêché les maires de Bréhat, de Puéchabon ou encore d’Étretat de prendre des arrêtés municipaux de limitation de l'accès à certains sites.
Chasse interdite les mercredis et samedis après-midi, suppression de l’agrainage des sangliers et fin des lâchers de faisans : la nouvelle convention triennale qui lie l’ACCA et la municipalité de Besançon est une excellente avancée, à la fois pour les animaux sauvages mais aussi pour les promeneurs.
Faute de mesures ambitieuses à l’échelle nationale pour limiter les abus de la chasse et répondre à l’insécurité liée à ce loisir, de plus en plus d’élus locaux prennent eux-mêmes les choses en main en usant de toute l’étendue des prérogatives qui sont les leurs.
Le guide juridique « Maires et chasse », rédigé et édité par l’ASPAS en version numérique et papier, répond à une véritable demande des communes engagées qui veulent savoir comment agir concrètement à la fois contre l’insécurité liée à la chasse, mais aussi pour la biodiversité, en limitant certaines activités cynégétiques néfastes pour les écosystèmes naturels (piégeage, nourrissage artificiel, lâcher d’animaux en vue les chasser, etc.).
A Besançon, où la convention triennale liant la municipalité et l’association de chasse locale vient d’être renouvelée cet été, la mairie écologiste a su convaincre les chasseurs de limiter certaines de leurs pratiques sur certains territoires appartenant à la commune, en particulier le massif de Chailluz, un poumon vert grand de 1670 hectares très prisé des Bisontins et des habitants des communes aux alentours qui viennent s’y balader et s’y ressourcer en famille.
Fini l’agrainage des sangliers (= la mise à disposition de maïs en forêt pour les éloigner, théoriquement, des cultures agricoles…), le lâcher de faisans (= animaux issus d’élevage de gibier, inadaptés au milieu sauvage et relâchés juste pour le plaisir de leur tirer dessus…), et les parties de chasse les mercredis et samedis après-midi. Ces restrictions temporelles se rajoutent, d’après le site macommune.info, aux interdictions de chasse déjà en vigueur les dimanches après-midi et les vendredis toute la journée.
Tous ces changements, acceptés par les chasseurs, sont bien la preuve que les activités cynégétiques ne sont pas d’utilité publique, et que la chasse n’est ni plus ni moins qu’un simple loisir ! Il est en tout cas rassurant de constater que dans certains territoires, les nemrods comprennent que leur activité n’est pas sans incidence sur le reste de la population, et qu’ils sont parfois disposés à faire quelques concessions… Puissent-ils en inspirer d’autres ! - source -
Excellent, à la commune et aux chasseurs locaux pour cet intelligent partage ...
Une petite voix italienne se fraie son chemin. Elle sera tôt ou tard un énorme grondement, mais pour l’heure, il faut tendre l’oreille : l’Italie devient un pays tropical. Tandis que les forces politiques habituelles singent l’activité, la structure profonde de ce pays qui nous a tant donné change. La détestable Giorgia Meloni, héritière directe des bandes fascistes, est comme l’on sait présidente du Conseil des ministres. La gauche fait de la figuration. Les «écologistes» font de la figuration, ce dont ils ont l’habitude.
Et l’Italie d’antan, celle de la Rome antique, celle de près de trois mille ans d’histoire, disparait sans qu’aucun de ces crétins de nationalistes trouve rien à redire. Mais voyons. Début juillet, le site français du National Geographic se penchait sur un phénomène inouï : «Les collines ondulantes de la Sicile, qui abritaient autrefois des plantations d’agrumes et d'oliviers, font depuis bien longtemps partie intégrante du paysage agricole italien. » On notera sans malice l’usage de l’adverbe «autrefois».
Si j’apprécie le fait de nager ou de faire un sauna tout nu, le naturisme ne m’avait jamais réellement attiré. Sans juger ceux qui le pratiquaient, je considérais que ce n’était tout simplement pas pour moi. Jusqu’au jour où un couple d’amis est parti vivre à l’étranger. Depuis trente ans, ils passent toutes leurs vacances dans un centre naturiste. Ils nous ont invités à les rejoindre une semaine.
J’ai tout d’abord rechigné. Mes plus bas instincts patriarcaux, dont j’ignorais jusqu’à l’existence, se sont rebellés à l’idée que mon épouse soit nue au milieu d’étrangers. Mais elle a argué que nous n’aurions plus beaucoup d’opportunités de revoir nos amis, que je n’étais pas obligé de l’accompagner, que ce n’était que quelques jours, qu’au pire, cela ferait une expérience intéressante.
J’ai opposé un mâle refus catégorique. C’est ainsi que, quelques mois plus tard, nous avons débarqué en famille avec armes et (trop de) bagages au sein d’un gigantesque complexe naturiste.
La première chose qui m’a rassuré fut de constater que beaucoup de gens étaient bel et bien habillés. Si la nudité est obligatoire à la plage et à la piscine, le reste du camp est entièrement libre.
Force est de constater que, durant les premières heures, mon regard fut irrémédiablement attiré par ces corps nus marchant, faisant du mini-golf, du vélo ou de la pétanque. Mon esprit y voyait quelque chose d’anormal, de choquant. Moi-même, je ne me déshabillais que pour accéder à la plage.
Et puis, bien plus rapidement que tout ce que j’avais pu imaginer, mon sentiment de normalité a basculé. Ces jeunes, ces vieux, ces vieilles, ces hommes, ces femmes, ces enfants, ces ados, ces gros·ses, ces maigres. Tou·te·s sont devenu un brouillard couleur chair bronzée dans lequel je me mouvais sans avoir à faire attention à ma propre apparence, à l’image que je véhiculais.
Alors que la multiplication des tensions autour de l’eau semble inévitable, Simon Porcher propose une série de mesures pour adapter notre cadre économique et législatif.
La Vie des idées : Pourquoi avons-nous tant tardé à nous préoccuper des risques qui pèsent sur l’eau à l’échelle internationale ?
Simon Porcher : Je pense qu’il y a deux raisons qui sont interconnectées. On a souvent eu l’impression que le manque d’accès à l’eau était surtout un problème de pays en développement ou de zones arides. Là où il y avait de l’argent, on avait réussi à acheminer de l’eau ou à trouver des solutions technologiques pour faire face au manque d’eau. Avec les sécheresses des dernières années, qui ont largement touché les pays industrialisés, et l’accélération des évènements climatiques extrêmes, qui sont globaux, les gouvernements se rendent compte de la rareté de l’eau et du fait que la gestion de l’eau va devenir de plus en plus difficile.
Ensuite, on a considéré que l’eau était essentiellement un problème local, à l’inverse du réchauffement climatique. Il en résulte un manque de considération de l’eau dans les plus grandes instances internationales. Pour illustrer ce manque de considération, on peut souligner qu’il y a eu une grande conférence des Nations Unies sur l’eau organisée en 1977, mais qu’il aura ensuite fallu attendre 2023 pour qu’une deuxième conférence globale soit organisée. De même, le Sommet de la Terre de Rio de 1992 qui a abouti à la signature de trois conventions – lutte contre la désertification, lutte contre le changement climatique, et protection de la biodiversité – n’a pas accordé de place à l’eau douce. Aucune des conférences des parties (COP) qui ont suivi n’a vraiment donné beaucoup de place à l’eau douce. Les conclusions de la dernière COP sur le réchauffement climatique qui a lieu en 2023 à Dubaï, un territoire en stress hydrique permanent, ne mentionnent l’eau que dans deux paragraphes…
Cela ne veut pas dire non plus que l’eau n’a pas été le sujet de préoccupations au niveau international. La conférence de Dublin de 1992 met en avant la fragilité de l’eau et sa valeur économique pour éviter son gaspillage ; une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU de 2010 affirme que l’accès à l’eau potable est un droit humain fondamental. L’accès à l’eau et à l’assainissement sont un objectif de développement durable, et plusieurs organisations comme l’UNICEF ou l’UNESCO s’intéressent de près à l’eau. Mais l’eau n’a pas de programme ou de fonds spécifiques à l’ONU.
Une des propositions est donc de donner à l’eau douce sa COP, son groupe d’experts et son traité global.
Comment la station de La Clusaz pompe l’eau de source illégalement
Fallait pas arroser les pétunias... En juillet 2022, la commune de La Clusaz a été prise en flagrant délit par l’Office français de la biodiversité (OFB) alors que les restrictions interdisaient l’arrosage. Cet été-là, la Haute-Savoie vit un épisode de chaleur intense.
L’alerte sécheresse a été déclenchée et les restrictions d'eau ordonnées dans tout le département, conformément aux mesures prises dans ce type de situation : interdiction d’abreuver les plantes municipales mais surtout de remplir les retenues collinaires, ces ouvrages qui stockent l’eau des montagnes pour fabriquer de la neige de culture. Mais, surprise, les agents de l’OFB constatent que la station a arrosé ses bosquets en puisant dans la retenue du Lachat, et que celle-ci est toujours alimentée en eau.
Un circuit secret
En inspectant les installations, la police de l’environnement découvre un dispositif secret : la commune a mis en place un système souterrain illégal pour capter l’eau de la source du Lachat, la diriger vers un local étiqueté « neige de culture », puis la pomper vers la retenue... Or ce dispositif n’a jamais été autorisé et n’est nulle part mentionné sur les plans d’aménagement. « Il s’agit d’une installation complexe caractérisant le fait qu’une réflexion poussée et des investissements importants ont été mis en œuvre par la commune », constate le procès-verbal de l’OFB.
Pour La Clusaz, cette enquête judiciaire, et ce qu’elle dévoile, tombe au plus mal. Ces dernières années, la station - en première ligne dans la candidature française pour l’accueil des JO d’hiver de 2030 - est devenue à son corps défendant un symbole : celui de l’accaparement de l’eau au profit de l’industrie du ski et des sports d’hiver.
La collectivité s’est battue pour faire creuser sa cinquième retenue collinaire, sur le plateau de Beauregard. Mais les travaux ont été entravés par l’implantation d’une ZAD, puis la suspension par le tribunal administratif de Grenoble de l’arrêté préfectoral d’autorisation. Résultat, en septembre 2023, le maire de La Clusaz Didier Thévenet a été contraint d’annoncer le gel du projet en attendant que les juges se prononcent définitivement sur le dossier. Malgré ce contretemps fâcheux, l’édile ne s’était pas démonté. « Nous ne lâchons rien, a prévenu Didier Thévenet. Nous allons muscler notre projet, dans le respect de la justice et de la loi ».