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> 10 000 tonnes de saumons élevés sur terre : le plus grand projet aquacole d’Europe divise

Rédigé par webmestregg Aucun commentaire
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          Alors que l’aquaculture est promue par la France et l’Europe, un élevage intensif de saumons tente de s’implanter dans l’estuaire de la Gironde, au grand dam des écologistes.

          C’est un projet qui fait des remous jusqu’au Parlement européen. Le 23 mars dernier, Esther Dufaur, porte-parole du collectif Eaux Secours Agissons, y était auditionné par la commission des pétitions (PETI). Selon elle, le projet d’élevage de saumons dans l’estuaire de la Gironde contrevient au droit européen.

          « C’est un projet absurde et démesuré qui comportera des faits, par l’État français, de violation existante et à venir de 18 directives européennes, dont les directives habitats, oiseaux, eau et nitrates. […] 10 000 tonnes de saumon, équivalent au poids d’un élevage de 10 000 porcs, au cœur de zones classées à 70 % par des directives européennes », détaille la militante.

          Ce projet colossal à 200 millions d’euros, porté par la multinationale Pure Salmon, pourrait voir le jour en 2024 au Verdon-sur-Mer, et s’imposerait comme la plus grande ferme aquacole d’Europe.

Élevage terrestre

          Avec 200 000 tonnes de poisson rose consommé par an, les Français sont les plus gros consommateurs du continent, dont la quasi-totalité provient de Norvège ou d’Écosse. Seul un élevage en Normandie (Saumon de France) élève les saumons « made in France » et haut de gamme dans les eaux fraiches de la Manche.

          Mais à la différence des poissons normands, ceux qui sortiront de la ferme du Verdon-sur-Mer, n’auront jamais connu l’océan. La méthode choisie par la société Pure Salmon est celle de l’élevage terrestre, impliquant d’immenses bassins alimentés avec l’eau des nappes souterraines.

          « Cette méthode permet d’éviter les impacts négatifs des élevages en mer. Nous assurons aux poissons une eau de qualité optimale, nous maitrisons la croissance, cela a énormément d’avantages », explique à EURACTIV France, Paul Miliotis, responsable du projet pour la société 8F, principal investisseur. Le procédé existe déjà en Norvège. Il permettra selon le porteur de projet de répondre à la demande croissante et de garantir un saumon frais de qualité en « circuit court ».

          « Le temps qu’un saumon arrive de Norvège jusqu’à Rungis, il a déjà perdu plusieurs jours. Notre but est d’offrir aux supermarchés un saumon du jour même à 500 – 600 km de la ferme », poursuit Paul Miliotis.

Pollution des eaux

          De leur côté, les opposants alertent depuis des mois sur les dangers potentiels de cette production hors norme. Selon eux, la situation géographique et la démesure de cette « ferme aux 10 000 saumons » – par analogie à la « ferme des 1 000 vaches », incarnation de l’élevage industriel – ne peuvent que conduire à de nombreux dégâts.

          Parmi eux, la pollution du dernier estuaire sauvage d’Europe, celui de la Gironde. Le site, placé dans une enclave industrielle rachetée par le port de Bordeaux il y a une dizaine d’années, est entouré de zones protégées par des lois nationales ou des directives européennes, en raison de leur riche patrimoine naturel.

          « Si l’élevage restait uniquement sur son site industriel, ça se passerait bien. Mais le projet va impacter les zones protégées et polluer l’estuaire. Cela reviendrait à saper tous les efforts de financement pour les protéger », avance Esther Dufaur auprès d’EURACTIV France.

          Pour l’association, l’eau prélevée dans les nappes superficielles pour alimenter les bassins sera rejetée chargée d’hormones de croissances et autres résidus médicamenteux dans le milieu. Ces derniers pourraient polluer durablement l’estuaire comme ce fut le cas pour le cadmium, un métal lourd qui pose de sérieux problèmes aux ostréiculteurs de la région.

          Hormone, antibiotiques, vaccins rejetés dans la nature ? La société nie leur utilisation. « Il n’y aura aucun impact négatif sur l’environnement, rassure Paul Millotis. Nous ne rejetterons par jour que 0,008 % du débit journalier de l’estuaire de la Gironde ».

          Dans sa communication, Pure Salmon insiste sur le « contrôle » des flux d’entrée et de sortie. Elle explique mettre un point d’honneur à offrir une qualité d’eau irréprochable aux poissons et à la restituer sans aucun polluant. Pour cela, la ferme sera dotée d’une usine de traitement interne, et travaillera avec le concours de Véolia et Suez.

          Les autres griefs des écologistes portent sur l’importante consommation énergétique ou encore les mauvaises conditions de vie des saumons. L’association Eaux Secours Agissons pointe leur densité dans les bassins – 70 kg de saumons par m3, alors que le fond marin européen recommanderait 25 kg/m3.

          Sur cette question, Paul Millotis oppose un indicateur significatif, selon lui : la mortalité. Cette dernière serait deux à trois fois plus faible dans les bassins que dans les élevages marins, du fait de ce contrôle permanent de l’environnement.

20 000 tonnes de saumon par an en France d’ici à 2027

          Avec la crise que traverse la pêche française et européenne, la raréfaction des ressources sauvages et l’augmentation de la demande, les investisseurs comme Pure Salmon entendent faire de l’aquaculture de saumon une ressource protéique d’avenir.

          Plusieurs projets tentent de s’imposer en France. La société Local Océan souhaite produire sur terre 9 000 tonnes de saumons à Boulogne-sur-Mer ; Smart Salmon 8 000 tonnes à Plouisy dans les Côtes-d’Armor.

          Dans son Plan aquaculture d’avenir, la France reconnaît « un fort potentiel de croissance » du secteur, et vise une production de 20 000 tonnes de saumons par an, pour 1 000 tonnes actuellement. Selon les spécialistes, de telles ambitions nécessiteraient obligatoirement l’implantation de fermes géantes, à l’image de celle du Verdon-sur-Mer.

          Alors que le Parlement a récemment déploré la faible production aquacole européenne (10 % de la demande) et a enjoint la Commission à « inverser la tendance actuelle », cette dernière voit l’aquaculture comme un moyen de « gestion plus circulaire des ressources ».

          Mais partout le gigantisme de ces « fermes usines » suscite des soulèvements, d’autant que le changement d’échelle est colossal. Les fermes aquacoles actuelles ne dépassent pas les 1 500 tonnes par an (bar et daurade principalement).

          « Nous ne sommes pas contre l’aquaculture, mais contre la pisciculture intensive. Ces modèles sont destructeurs pour l’environnement. L’aquaculture est la deuxième industrie la plus polluante après l’élevage bovin », rappelle Esther Dufaur.

          Le porteur de projet mettent eux en avant la souveraineté alimentaire et industrielle. Selon une note de la Commission, l’Union européenne importe plus de 70 % des produits de la mer qu’elle consomme. Et les produits aquacoles (importations comprises) représentent globalement 25 % de la consommation de produits de la mer dans l’Union.

Seuil de production

          Le projet du Verdon-sur-Mer, qui devrait créer 160 emplois et des recettes fiscales non négligeables, a déjà obtenu l’assentiment de nombreux élus locaux, dont le maire de la ville.

          Mais les poissons sont encore loin des bassins. Le dossier ICPE (Installation Classée pour la Protection de l’Environnement), est en cours d’instruction. La faisabilité du projet et le respect des exigences environnementales seront scrutés ces prochains mois, et la société devra répondre à une enquête publique.

          Au Parlement européen, face à la commission PETI, Esther Dufaur a demandé à ce que la Commission européenne s’empare du dossier, malgré les réserves du représentant de la l’exécutif. Celui-ci a en effet déclaré qu’il n’était pas « pour l’instant », « en mesure d’identifier la violation du droit européen » . La raison ? Le projet n’est pas « concrétisé ».

          L’association Eaux Secours Agissons et les eurodéputés écologistes souhaitent que la Commission impose un cahier des charges moins permissif, avec, par exemple, une quantité de production à ne pas dépasser.

          S’il obtient son permis de construire, Pure Salmon espère démarrer la construction de la ferme en 2024 et vendre ses premiers saumons en 2026. La firme réfléchit déjà à exploiter d’autres espèces comme la dorade ou le loup, qui se prêtent bien à ce type d’élevage. À l’échelle mondiale, il y aurait 123 projets aquacoles intensifs de ce type en cours d’installation. - source -

  " Le site, placé dans une enclave industrielle rachetée par le port de Bordeaux il y a une dizaine d’années " : le port de Bordeaux, distant d'environ 100 kms, a racheté cette enclave industrielle et compte bien en tirer un maximum de profits et peu importe la pollution de cette zone très touristique et de ses populations !!! Un précédent projet - tout aussi pollueur - a déjà été abandonné ( usine / port méthanier ).

Si ce projet se concrétise, contrairement aux déclarations très rassurantes de l'industriel - on sait ce que vaut les "promesses" de non-pollution des industriels - il parait évident que tout l'estuaire de la Gironde sera en fait très pollué : la région royannaise perdra très vite son attrait touristique et cela entraînera des milliers d'emplois perdus...