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> entraide et bénévolat : le « boulot de dingue » des sans-emploi

Rédigé par webmestregg Aucun commentaire
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          Alors que des contreparties au versement du RSA seront en débat à l’Assemblée nationale, qui examinera en octobre le projet de loi pour le plein-emploi, le Secours catholique et l’association Aequitaz appellent à un débat public « sur la place du travail hors emploi dans notre société ».

           Servir d’antidote au poison des préjugés. C’est le vœu formulé par un rapport, rendu public le mercredi 13 septembre, par le Secours catholique et Aequitaz, une association qui prône la justice sociale. Intitulée « Un boulot de dingue – Reconnaître les contributions vitales à la société », la publication éclaire « le travail invisible et non rémunéré » de nombre de personnes « hors emploi ». Que ce soit dans le champ personnel, en aidant un·e proche ou via des engagements « dans la vie du quartier, le voisinage, des associations », leurs contributions sont « vitales et utiles à la société » mais jamais reconnues.

          Un long inventaire – les recherches ont duré deux ans – a permis de mieux définir ce travail invisible. Il est essentiellement tourné vers « le prendre-soin » (souvent appelé d’après l’anglais « le care ») et dessine « une forme de protection sociale de proximité ». Le rapport est un plaidoyer pour « sécuriser ces activités essentielles » et, espèrent ses autrices et auteurs, un remède contre « le poison de l’éternel cliché de l’assisté ayant besoin d’être remobilisé ». Car les associations peuvent en témoigner : les personnes qu’elles rencontrent sont bel et bien actives, « n’en déplaise à la statistique », qui les range parmi les « inactifs ».

          Ce cliché des « assistés » abreuvera d’ailleurs, sans nul doute, les débats du projet de loi pour le plein-emploi, qui sera examiné en octobre par les députés. Le texte doit ouvrir la voie au réseau France Travail, à l’inscription automatique des bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) et à de possibles heures d’activité obligatoires, en contrepartie de ce revenu.

          En première lecture en juillet, le Sénat a fixé une durée hebdomadaire d’au moins quinze heures d’activité, qui ne figurait pas dans le texte du gouvernement. Le Secours catholique et Aequitaz voient là « un contexte politique inquiétant » et rappellent leur ferme opposition « à toute forme de contrepartie au minimum vital qu’est le RSA ». Les deux associations craignent que leur rapport ne soit instrumentalisé. « Les activités hors emploi doivent être reconnues au regard de leur utilité pour les personnes et pour la société […] et non d’une éventuelle “employabilité”. »

Des activités loin d’être marginales

          Là est toute la différence : l’entraide et le bénévolat sont des « initiatives volontaires » portées par l’élan d’y consacrer du temps et de l’énergie. Loin de « la mise à l’emploi quasi forcée des chômeurs et des précaires », insistent les organisations qui ne croient pas une seconde que cela mènera au plein-emploi, si cher à Emmanuel Macron.

          « Cette politique risque de rendre la vie des personnes qui galèrent encore plus difficile [...] Elle obligera les gens à “s’activer” (comme s’ils se tournaient les pouces !) en vue d’un emploi et à en faire la preuve, alors même que “le care” du quotidien est non négociable. »

          Le rapport se veut aussi le porte-voix de « celles et ceux que l’on montre du doigt sans jamais prendre le temps de les entendre ». Les personnes qui ont participé aux travaux y relatent leur douleur d’être régulièrement stigmatisé·es : « Si on enlevait le mépris et le stigmate, ça irait simplement mieux », témoigne Sabine. « Il faut arrêter de voir les gens comme des fainéants, car une chose est sûre : personne ne fait rien pendant longtemps. C’est trop dur de ne rien faire. Personne ne survit émotionnellement à l’inactivité doublée de la solitude qu’elle engendre », affirme Anthony.

          Car cette publication se nourrit essentiellement du terrain : de l’expérience et de la parole des personnes hors emploi, allocataires du RSA ou issu·es de collectifs de chômeuses et chômeurs. À leurs récits se sont ajoutés des savoirs académiques, de chercheuses et chercheuses en sciences sociales ou en économie.

          « En entrant dans les histoires de vie des personnes ayant participé à la recherche, nous avons découvert un monde d’entraide et de solidarité », écrivent les autrices et auteurs du rapport. Un monde d’aidant·es pour les voisin·es, la famille, les ami·es. « Faire les courses, aider à remplir les papiers [...] prendre soin de sa voisine en situation de handicap […] de son mari malade […] accompagner les parents âgés […] faire ce que l’auxiliaire de vie n’a pas le temps de faire… »

          Tout ce « boulot de dingue » – en référence au « pognon de dingue » que coûtent les aides sociales selon le président Macron – est loin d’être marginal, souligne le rapport, évoquant « les 13 millions de bénévoles en France [qui] accomplissent le travail de 680 000 équivalents temps-plein » et les 40 milliards d’heures annuelles de travail domestique.

          Le rapport le dit sans ambigüité, il n’entend pas remettre en cause la place et le rôle du travail rémunéré « y compris dans ce qu’il porte comme possibilité d’indépendance, d’autonomie et de réalisation de soi ». L’enjeu est bien de « montrer comment ces actes du quotidien contribuent à faire société » mais sans aucune reconnaissance, puisque « notre système de protection [...] a fait de l’emploi son unique clé de voûte ».

Quand l’entraide diminue les droits

          Or, les personnes hors emploi ont bien besoin d’être sécurisées. Car l’univers de l’entraide est aussi « un monde d’injustice, un monde qui pique », rempli d’inégalités. « Plus on est riche, plus on est aidé pour contribuer à la société », souligne le rapport, citant la défiscalisation des dons. En revanche, quand on est pauvre, « les droits peuvent être diminués ou supprimés dans une situation d’entraide ».

          Héberger quelqu’un à titre gratuit peut entrainer une baisse des allocations logement, si cette personne a des revenus. Aider financièrement un·e proche au RSA peut lui coûter son allocation, avaient alerté en 2019 des délégués du Défenseur des droits.

          Même les dons en nature deviennent périlleux. « J’ai apporté ponctuellement des petits plats à ma voisine qui, à cause de sa maladie, n’a parfois pas la force de se faire à manger, raconte Sophie dans le rapport. Elle avait fait une demande de prestation compensatoire de handicap, et du fait de cette aide en nature, même ponctuelle, elle craignait de se voir diminuer son aide. »

          De quoi produire « un découragement des logiques d’entraide » ou une pression telle que la solidarité doit être cachée. D’où la nécessité de sécuriser.

Un appel au Parlement

          Le Secours catholique et Aequitaz plaident donc pour la reconnaissance de ces « carrières bénévoles » via la validation de trimestres pris en compte pour la retraite. « Certains font le constat d’une vie entière d’aidant ou de bénévole, mais “privée d’emploi”, qui aboutit à de fortes inquiétudes à l’arrivée de la retraite […] Pouvoir ouvrir de tels droits serait une forme de reconnaissance essentielle. »

          Le rapport s’attarde enfin sur les pièges et lignes rouges à ne pas franchir, concédant volontiers qu’il existe un risque de mise en concurrence des activités entre elles. « Si on reconnaît, sécurise et valorise mieux le bénévolat, si on encourage cette forme d’activité, le risque est la dévalorisation des métiers dont les activités sont de même nature. » Autrement dit, ce qui est réalisé par un·e bénévole ou un·e proche ne mériterait plus d’être pris en charge par un professionnel, alors que les « métiers du care sont déjà bien mal valorisés dans notre société ».

          Ce rapport lance donc plusieurs appels et en premier lieu celui d’un véritable débat public sur la place du travail hors emploi dans notre société. Pour expérimenter de nouveaux modes de reconnaissance et faire taire les discours stigmatisants, tendant à imposer des contreparties au revenu de solidarité.

          Soutenues par de nombreuses autres organisations comme ATD Quart Monde, la Ligue des droits de l’homme ou le Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), mais aussi par la CFDT, les deux associations en appellent au Parlement, pour qu’il se saisisse de cette question, plutôt que de légiférer sur « une réforme du RSA qui ne dit pas son nom ».

          « En obligeant les personnes à se mobiliser sur tous les fronts, en les maintenant dans une précarité indigne de la richesse de notre pays, c’est une dette morale, économique et sociale que nous contractons envers les plus pauvres de notre pays, concluent le Secours catholique et Aequitaz. Notre société risque de payer cela au prix fort. » - source -

Faut être clair ! Le bénévolat adossé à un professionnel ou à des salariés remplace un emploi et ce, pour les plus grands profits du professionnel ou des salariés.  Ce "bénévolat" bidon doit être tout simplement interdit !!!

Même l'état fait la promotion du soi-disant "bénévolat" ! > voir