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> RSA et activité obligatoire : les patrons se réjouissent

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RSA et activité obligatoire : « Tout travail mérite salaire. Ça ne va pas changer »

          La feuille de route qui détaillera l’organisation du futur opérateur France Travail doit être dévoilée dans quelques semaines. Parmi les chantiers déjà enclenchés : une refonte du système pour les allocataires du Revenu de solidarité active (RSA), avec des heures d’activité obligatoires. En contrepartie, Thibaut Guilluy, qui pilote le projet France Travail, promet des moyens sur l’accompagnement. Il détaille aussi ce que pourront recouvrir ces heures d’activité exigées. Entretien.

          Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, est chargé de piloter le projet France Travail. Ce guichet unique de l’emploi, promesse de campagne d’Emmanuel Macron, doit être mis en place en 2024. Le chantier prévoit aussi une refonte de l’accompagnement des allocataires du RSA et le conditionnement du versement de l’allocation à 15 ou 20 heures d’activité par semaine.  Concrètement, comment cela va-t-il se traduire ? Entretien.

Pourquoi France Travail ?

          Il y a de l’emploi – et c’est plutôt une bonne nouvelle -, mais il y a aussi énormément d’entreprises qui ont de plus en plus de mal à recruter. France Travail a pour vocation de s’attaquer à ce paradoxe. Il y a un problème d’efficacité. On ne manque pas de ressources et d’acteurs qui agissent. Mais les compétences sont émiettées.

          Si j’ai besoin d’insertion, ça va être au département. La mobilité, ça va être à la région, etc. Les chefs d’entreprise sont perdus et les personnes le sont tout autant. D’où la notion de guichet unique qu’a exprimée le président de la République. Il ne s’agit pas de dire qu’il doit y avoir un seul acteur qui s’occupe des politiques d’emploi. Mais que tous les acteurs s’organisent pour apporter la bonne solution, au bon moment.

          C’est pour cela que l’on insiste beaucoup sur l’idée d’inscrire tout le monde à France Travail. C’est un réseau. Qu’on rentre par une porte ou par une autre, on sera identifié de façon commune. En fonction du diagnostic, la personne sera orientée vers la bonne réponse. On ne peut plus la laisser chercher d’elle-même dans le maquis des acteurs et des solutions.

Comment cela va-t-il se traduire ?

          Il faut créer les conditions du travail en commun pour tous ceux qui accompagnent les demandeurs d’emploi : les travailleurs sociaux du département, les conseillers Pôle emploi, les conseillers de la mission locale. Ils recevront une formation commune dispensée par l’Académie France Travail, que nous allons créer.

          Ensuite, il faut que nos systèmes d’information se parlent. Aujourd’hui, un jeune de 25 ans qui a un accompagnement par la mission locale disparaît du système d’un côté le jour de ses 26 ans, mais n’apparaît pas de l’autre, chez Pôle emploi. Nous avons des ruptures de parcours à tous les étages. Il faut aussi des communs méthodologiques. Demain, on mettra en place, par exemple, un carnet de bord unique, avec le dossier du parcours de la personne pour qu’elle puisse être mieux suivie et accompagnée. Il est quand même temps, en 2023, de nous organiser pour faire en sorte que notre système soit pensé pour l’usager.

          Les gens surnagent entre les différents organismes et à la fin, ils se retrouvent en situation d’exclusion. Les résultats de la complexité qu’on leur inflige sont catastrophiques. Quand on sait qu’au bout de sept ans, seulement 11 % des allocataires du RSA sont en emploi durable, c’est une faillite collective.

Pôle emploi va-t-il devenir France Travail ?

          Oui. Nous proposons que Pôle emploi devienne l’opérateur France Travail. Ensuite, vous avez des opérateurs qui lui seront associés. Je pense notamment aux missions locales qui sont dans une logique de « France travail jeune » aux côtés de Pôle emploi si l’on peut dire.

          Aujourd’hui, Pôle emploi est un grand opérateur qui a une action importante mais qui ne s’occupe que des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi. Et vous n’avez que 40 % des allocataires du RSA qui y sont inscrits. Demain, tous les allocataires du RSA seront inscrits à France Travail.

          Le nouvel opérateur aura la responsabilité d’organiser l’accompagnement des demandeurs d’emploi au plus près de leurs lieux de vie. Si une mission locale est plus près de certains jeunes que Pôle emploi, on pourra s’appuyer sur ce maillage, pour gagner en proximité. D’autant plus que la mobilité est un problème.

Quel est le calendrier ?

          France Travail, c’est un processus pour tout le quinquennat. Avec un objectif : le plein-emploi en 2027. Le rapport, qui est en fait la feuille de route issue des concertations, sera remis au ministre Olivier Dussopt dans les prochaines semaines.

          Ensuite, il y aura l’étape du projet de loi. France Travail pourra alors se déployer sur le plan opérationnel à compter de début 2024. Mais il ne s’agira pas d’un « grand soir » France Travail. On va le co-construire de façon très pragmatique sur les territoires, petit à petit.

Qu’en est-il des expérimentations annoncées sur le RSA ?

          Nous avons pris 19 territoires volontaires pilotes, au niveau des bassins d’emploi. On cherche à toucher 100 % des allocataires du RSA. Il faut savoir que de temps en temps, certains sont au RSA depuis 15 ou 20 ans. Il faudra faire le point avec eux et définir quelle sera la réponse nécessaire.

          Il y a 25 % des allocataires du RSA qui travaillent. Un certain nombre ont créé leur entreprise. C’est parfois précaire, mais ils sont dans une dynamique. Cela n’a rien à voir avec une personne qui est sans activité depuis 20 ans et qui va avoir des enjeux de santé ou de remobilisation très importants.

          Personne n’est inemployable. En revanche, ça peut prendre du temps. Au début, il faudra peut-être régler des problèmes de logement, de santé et de confiance avant de commencer à parler d’emploi. Pour d’autres, ça peut aller très vite, en les accompagnant et en les boostant.

Le versement du RSA sera conditionné à 15 ou 20 heures d’activité par semaine. Faut-il en conclure que les bénéficiaires devront en contrepartie s’engager à travailler « gratuitement » ?

          Je vous rassure, je n’ai pas en tête des propositions qui viseraient à supprimer le Code du travail français. Tout travail mérite salaire. Ça ne va pas changer.

          Mais depuis le RMI de 1988 – ce n’est pas nous qui l’avons inventé, c’est Michel Rocard – il y a déjà des conditions. Il ne faut pas se tromper. Le RSA, c’est un revenu, c’est un filet de sécurité. Mais la principale des sécurités qui est attendue par les allocataires du RSA, c’est de retrouver un emploi. Ce ne sont pas 598 € par mois qui vous permettent de vous projeter dans l’avenir. Dans les textes, il y a déjà un contrat d’engagement réciproque, il y a déjà une responsabilité de la personne de s’impliquer dans son parcours d’insertion. On ne peut pas réinsérer les gens contre leur gré.

L’accompagnement sera-t-il à la hauteur ?

          La Nation a une responsabilité, c’est de vous apporter un accompagnement. Mais aujourd’hui, celui-ci n’est beaucoup trop souvent pas réel. Selon la Cour des comptes, nous avons aujourd’hui trois contacts par an en moyenne pour un allocataire du RSA, mails compris. Comment voulez-vous vous en sortir dans la vie ? Nous allons mettre les moyens.

          Nous allons investir pour mobiliser des conseillers qui suivront les personnes de façon personnalisée. Pas 500 bénéficiaires à suivre chacun, mais plutôt 50. On va investir dans la résolution des problèmes de santé, de mobilité et de formation. La contrepartie, c’est que la personne suivie soit présente et s’implique. Si elle n’est pas là le lundi, mardi et mercredi, il faudra qu’elle s’attende à ce que le jeudi, elle soit convoquée. Et qu’on lui demande des comptes.

Ceux qui ont d’autres agendas que celui de s’insérer, effectivement, cela va peut-être les ennuyer un peu.

          En fonction des situations, le menu est très large car personnalisé. Celui qui n’est pas loin de l’emploi, on va peut-être multiplier les immersions pour découvrir des métiers auprès de ceux qui le font (des sortes de stages). Passer le permis, ça peut aussi rentrer dans ces 15 ou 20 heures. Prendre du temps pour une maman isolée – 29 % des bénéficiaires du RSA sont des femmes seules avec des enfants -, qui a un problème de garde d’enfant pour trouver une solution, ça rentre aussi. Puisque c’est ça qui va lui permettre de retrouver un emploi. Sinon, ça peut être du bénévolat dans une association, si c’est ce qui correspond aux aspirations de la personne. Comme tout ce qui va contribuer à faire en sorte que les gens fassent un pas en avant, vers leur projet d’avenir.

Quid des entreprises ?

          Les demandeurs d’emploi, c’est 50 % du sujet pour France Travail. L’autre moitié, ce sont les employeurs. Une entreprise, c’est très souvent un patron de TPE ou PME, qui a plein de choses à faire et qui n’a pas eu une formation en ressources humaines (RH). France Travail doit devenir le meilleur ami RH des chefs d’entreprise.

          Au-delà de les aider à recruter, nous voulons aussi les accompagner pour leur permettre d’être des employeurs plus inclusifs.

          Plus on va se rapprocher du plein-emploi et plus il va falloir que les entreprises s’ouvrent à tous les talents. Trop jeunes, trop vieux, trop handicapés… C’est non ! On va mettre en place de la formation, on sera aux côtés des recruteurs pour les former à recruter d’autres profils. Il faut aussi qu’ils évoluent pour cesser de passer à côté de tous les talents qui existent sur le territoire. Les entreprises doivent ouvrir leurs chakras. D’expérience de chef d’entreprise, je sais que l’inclusion ne se décrète pas, que c’est un combat de tous les instants. France Travail doit le mener. Et le remporter. - source -

Mise en place d'une machine macroniste à broyer les aidés socialement et réduire au maximum le coût des aides sociales pour engraisser les actionnaires du CAC 40 ! Comme en Allemagne, les bénéficiaires sociaux travailleront donc pour payer leur RSA, les patrons leur verseront-ils un complément d'1€ brut de l'heure ?